« Papa va bientôt rentrer » et deux autres pièces

Le temps des comédies

Par
Publié le 18/01/2018
Article réservé aux abonnés

Dans la salle Réjane du Théâtre de Paris, « Papa va bientôt rentrer » (1) est une comédie du Français Jean Franco qui se situe en 1967-1968 aux États-Unis. Dans une petite ville du Maine, deux voisines dont les maris font la guerre, au Vietnam, tentent de vivre. L’action se situe dans la cuisine de l’une d’elles, Mia (Marie-Julie Baup), maman d’un tout petit enfant. Son amie extravertie, Susan (Lysiane Meis), vient la voir pour un oui ou pour un non.

Disons-le, ces deux comédiennes ultra-douées sont la sève de ce spectacle mis en scène avec beaucoup de finesse par José Paul. Un homme va surgir. Un ancien amoureux de Mia, qui a déserté et veut rejoindre le Canada (Benoît Moret). Passons sur les invraisemblances : dans les années 1960, deux jeunes Américaines n’auraient jamais parlé sexe comme le font les deux héroïnes ! Et pourquoi laisser le soldat dans son uniforme, alors que toute la ville le recherche ? Mais évidemment, il n’y aurait plus de pièce ! On s’en moque, car l’on est pris par l’efficacité, la cocasserie, la merveilleuse interprétation. Un spectacle qui divertit, fait beaucoup rire et touche profondément.

Flaubert revisité

« Nos éducations sentimentales » (2) est un très joli travail de Sophie Lecarpentier qui adapte Flaubert et songe à la Nouvelle Vague. Les atermoiements du cœur de la jeunesse amusent, émeuvent. De Rouen à Paris, le temps passe et, à la quarantaine, les personnages n’auront pas accompli le destin dont ils rêvaient, mais ils auront aimé, souffert, entrepris. Frédéric Cherboeuf est un narrateur « off » excellent et les comédiens, Julien Saada, Frédéric, Xavier Clion, Julien Saada, Stéphane Brel, Valérie Blanchon, Vanessa Koutseff, Solveig Maupu, ont de la vivacité, passant d’un personnage à l’autre avec esprit.

Un odieux raciste

Au Déjazet, Olivier Marchal joue le rôle-titre de « Nénesse » (3). Écrite par Aziz Chouaki, la pièce est hélas bâclée et Jean-Louis Martinelli, qui la met en scène, n’a rien fait pour l’amender. Ancien rocker porté sur la bière, Nénesse, raciste et odieux, exploite sa femme Gina (Christine Citti), dépense l’argent du ménage pour des prostituées, sous-loue un caisson installé dans l’appartement à deux migrants (Hammou Graïa et Geoffroy Thiebaut). Chouaki en appelle à Rabelais, Martinelli à Shakespeare. Hélas, on en est loin et si les acteurs défendent les personnages avec conviction, on est consterné par la vulgarité du ton et la faiblesse du propos.

(1) Théâtre de Paris, salle Réjane, du mardi au samedi à 21 heures, en matinée le samedi à 17 heures et le dimanche à 15 heures. Durée 1 h 30. Tél. 01.42.80.01.81, www.theatredeparis.com
(2)Théâtre 13/Jardin, à 20 heures du mardi au samedi, dimanche à 16 heures. Durée  2 heures. Jusqu’au 18 février. Tél. 01.45.88.62.22, www.theatre13.com
(3) Théâtre Déjazet, du mardi au samedi à 20 h 30, en matinée samedi à 16 heures. Jusqu'au 3 mars. Tél. 01.48.87.52.55, www.dezajet.com

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9632