Goethe s’est passionné pour la figure de Faust sa vie durant. Dès 1775, il a à peine 25 ans, il arrive à Weimar et fait la lecture d’une première version qui sera pieusement recopiée par une admiratrice, version qui ne sera retrouvée qu’en 1887, bien après sa mort en 1832. Il a laissé les deux parties de son immense « Faust ».
« Urfaust » (1) est très rarement mis en scène. C’est une œuvre elliptique, inachevée, lourde de ses influences archaïques, traditionnelles, populaires. Gilles Bouillon met en scène dans une très belle scénographie de Nathalie Holt et des lumières superbes. Un rythme soutenu et fluide, des comédiens remarquables, avec Frédéric Cherboeuf dans le rôle de Faust, Vincent Berger dans celui de Méphisto, Marie Kauffmann dans celui de Marguerite. La traduction de Jean Lacoste et Jacques Le Rider est nerveuse et belle. Faust est une sorte d’homme en marche, à la recherche d’un sens… Passionnant !
Conte et poésie
L’Irlandais Synge (1871-1909) est très connu pour son « Baladin du monde occidental » et pour avoir réinventé une langue, rocailleuse et en prise avec la terre. Dans une traduction nouvelle de Noëlle Renaude, « la Source des saints » (2), mise en scène de Michel Cerda, est une sorte de conte étrange dans lequel les héros sont deux pauvres aveugles, ici joués par Anne Alvaro et Yann Boudaud.
Pas de décor, un espace nu, des lumières pour le sculpter et des voix, des sensibilités troublantes. Une histoire fantastique, avec sa morale (que se passe-t-il si un saint vous rend la vue ?), une histoire dans laquelle le « saint » est aussi un bonimenteur, que joue avec finesse Arthur Verret. Étrange, très étrange et prenant.
Dans ce droit fil, on retrouve l’univers si particulier de Maeterlinck (1862-1949) et la très célèbre pièce qu’est « Pelléas et Mélisande » (3). Un charme indéniable se dégage de l’œuvre et Alain Batis, qui signe la mise en scène, convoque la musique (deux jeunes femmes chantent et jouent piano, violon, alto), travaille sur les atmosphères et s’appuie sur des lumières subtiles.
« Pelléas et Mélisande » est une œuvre très difficile qui exige des interprètes une présence originale et très tenue. Jeanne Vitez incarne Geneviève et est entourée dans certaines scènes de grandes marionnettes fantomatiques. C’est la lumière qui sculpte l’espace et l’on suit cette histoire puissante portée par une langue poétique qui envoûte.
Jeunes talents
On change de siècle et d’atmosphère avec le travail conduit par Mathieu Bauer avec douze élèves, six garçons, six filles, de la promotion sortante de l’École du Théâtre national de Strasbourg. Il adapte très intelligemment le scénario du film de l’Américain Samuel Fuller, « Shock Corridor » (4), qui date de 1963. Un journaliste qui rêve du prix Pulitzer se fait interner dans un hôpital psychiatrique pour enquêter sur un crime qui a eu lieu dans l’établissement. Musique en direct et en continu, intermèdes chantés et dansés, fil de l’intrigue et fils de la vie du réalisateur lui-même et des comédiens du film, tout permet aux jeunes de donner la mesure de leurs talents sûrs, de leur formation excellente.
(1) Théâtre de la Tempête, jusqu'au 5 février. Tél. 01.43.28.36.36, www.la-tempete.fr
(2) Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, du 25 janvier au 2 février. Tél. 01.48.33.16.16, www.lacommune.aubervilliers.fr
(3) Théâtre de l’Epée de Bois, jusqu'au 5 février. Tél. 01.48.08.39.74, www.epeedebois.com
(4) Nouveau Théâtre de Montreuil, jusqu'au 4 février. Tél. 01.48.70.48.90, www.nouveau-theatre-montreuil.com
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