Bartabas et autres retrouvailles

Le théâtre se remet en selle

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Publié le 04/12/2020
Dès le 15 décembre, les artistes du spectacle vivant, qui piaffent depuis des semaines, reprennent les représentations interrompues ou créent de nouvelles pièces. À commencer par Bartabas, au Théâtre équestre Zingaro, à Aubervilliers.
Bartabas et Tsar

Bartabas et Tsar
Crédit photo : FRANCK DUFOUR

Honneur à un maître, un maître écuyer, un cavalier qui est un artiste à part et poursuit sa recherche originale. Depuis 2017, « Ex anima » réunissait une trentaine de chevaux – et un âne et une mule. Pensé comme un hommage aux « acteurs » de Zingaro, un spectacle très étonnant qui mettait dans les coulisses les cavaliers du Théâtre équestre et qui s’est donné plusieurs saisons durant, jusqu’à ces derniers temps, d’Aubervilliers à de belles tournées.

Évidemment, les confinements, la suspension des représentations, ont changé la donne. Mais pendant ces mois entre parenthèses, on a redonné un coup de jeune aux bâtiments imaginés par Patrick Bouchain et qui sont ouverts depuis 1989. Plus de trente ans…

Et puis, dans la troupe d’« Ex anima », il y avait un certain nombre de chevaux d’un bel âge. Ils sont désormais au pré. En retraite heureuse, car Bartabas, qui leur a consacré un livre superbe (« D’un cheval l’autre », Gallimard), veille au juste repos de ses partenaires et met son point d’honneur à ce que ces animaux majestueux soient heureux, dans des établissements amis, à la campagne.

Il y a donc moins de chevaux dans les écuries. Mais leurs écuyers et écuyères sont là, pour les faire travailler. Quant à Bartabas, que l’on ne faisait qu’apercevoir sur la piste, ces dernières années, il nous offre à Aubervilliers (1), dans le cadre du Festival d’Automne, ces « Entretiens silencieux » fascinants. Le deuxième confinement est tombé au moment où étaient prévues les premières représentations, en novembre.

Tout va commencer le 16 décembre et, attention, le matin. Car, comme on l’avait découvert avec ses saluts au lever du soleil, autrefois, le moment que l’on partage avec le cheval et le cavalier est celui de la retrouvaille, le matin.

Bartabas est seul avec Tsar, un extraordinaire animal, par sa taille (1,95 m au garrot), sa beauté. « De loin, on dirait un pur-sang à l’ancienne, ceux des gravures anglaises » écrit Bartabas dans « D’un cheval l’autre ». Précisant que le « géant aux yeux doux », à la robe d’ébène, a 7 ans lorsqu’ils se rencontrent, et lui, Bartabas, 60. « Une quinzaine d’années s’ouvre à nous. »

Quelques brèves années ont passé. Dans un manège vide, où, avant que ne surgisse Tsar, attend une oie, histoire de nous rappeler l’histoire de Zingaro, rien ne viendra troubler l’intimité du cheval et de l’écuyer. Silence. Dans le haut du gradin, Manuel Poletti, de l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique), veille sur les sons, en direct. Les sons de la vie, de l’entente. C’est très subtil, comme le sont les mouvements de ce pas à deux, les jeux très discrets des lumières. On est fasciné par la beauté, le mystère du dialogue sans paroles. Le temps est suspendu. On est dans un bulle de calme, de sérénité, de grand art.

Reprises et créations

 

Les théâtres plus classiques, eux aussi, reprennent, lorsque les comédiens sont encore disponibles, certaines de leurs productions. Ainsi va-t-on enfin pouvoir applaudir Michel Boujenah dans « l’Avare » de Molière, mis en scène par Daniel Benoin aux Variétés (2), retrouver Richard Berry, qui triomphe avec ses « Plaidoiries » au Théâtre Libre (3), ou encore renouer avec Bruno Solo et ses amis dans « Dix ans après », comédie sentimentale de David Foenkinos, salle Réjane du Théâtre de Paris (4).

Au Théâtre Antoine (5) se prépare une nouvelle mouture d'« Une heure de tranquillité » de Florian Zeller. Une production spéciale qui sera relayée par France 2, dont certaines représentations sont ouvertes au public. Dans la distribution, François Berléand, Isabelle Gélinas, Nicolas Vaude, Rod Paradot, entre autres.

À la Scala (6), on annonce, entre autres, « Une histoire d’amour » d’Alexis Michalik et « l’Art du rire » de Jos Houben. Mais aussi que, puisque le restaurant est fermé, on pourra, à l’issue des représentations, emporter des plats !

Quant au Poche (7), il reprend « Mademoiselle Else », mise en scène de Nicolas Briançon, avec la merveilleuse Alice Dufour. En attendant d’autres annonces…

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Du 16 décembre au 3 janvier, à 10 h 30. Durée : 1 h 10. Conseillé à partir de 12 ans. Tél. 01.48.39.54.17, zingaro.fr

(2) À partir du 17 décembre. Tél. 01.42.33.09.92

(3) À partir du 17 décembre. Tél. 01.42.38.97.14

(4) À partir du 17 décembre. Tél. 01.42.80.01.81


(5) Du 23 au 31 décembre. Tél. 01.42.08.77.71

(6) À partir du 19 décembre ; le 18, un récital Anne Queffélec. Tél. 01.40.03.44.30

(7) À partir du 15 décembre. Tél. 01.45.44.50.21.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin