L’ÉCRIVAIN algérien francophone, ancien officier de l’armée au nom d’emprunt féminin Yasmina Khadra, n’écrit pas seulement pour le plaisir de raconter des histoires mais aussi pour partager des avis et des sentiments. D’où son habitude, parfois didactique, d’amener ses personnages, et donc son lecteur vers ses idées. Dans le prolongement de sa trilogie du Grand Malentendu (« les Hirondelles de Kaboul », « l’Attentat » et « les Sirènes de Bagdad »), il nous entraîne cette fois en Afrique orientale.
Le personnage principal de « l’Équation africaine » est un médecin généraliste de Francfort, dont la vie tranquille bascule une première fois lorsque sa femme se suicide après avoir raté une promotion dans son travail. Désespéré, il accepte finalement la proposition d’un ami de l’accompagner jusque dans les Comores pour une mission humanitaire. Après que leur voilier est assailli par les pirates, les deux compagnons sont retenus prisonniers dans un campement clandestin – résistants ? mercenaires ? révolutionnaires ? Ils y retrouvent un autre otage, un Français que tout le monde semble avoir oublié, un fou d’Afrique et qui le reste en dépit de leurs terribles conditions de détention et des actes de violence gratuits de leurs gardiens.
Ce qu’il adviendra du trio est à découvrir sous la plume d’un Yasmina Khadra en grande forme de narration, une aventure qui nous transporte de Somalie au Soudan, une aventure de souffrances, de mort et d’amour. Parmi les idées, on retient les décalages entre nos petits soucis d’Européens bien nourris et les atrocités qui se perpétuent en Afrique. Ou la force insoupçonnée de ceux qui veulent vivre à tout prix, qu’il s’agisse des prisonniers blessés et maltraités ou de la population, hommes, femmes et enfants affamés et malades. Ou bien encore la dualité de l’âme humaine, car pour l’auteur l’homme n’est ni ange ni bête, ainsi que le prouve le médecin européen qui s’ouvre à la vraie souffrance de l’autre, ou mieux encore, l’exemple de ce tortionnaire qui se révèle un excellent poète. Dans ce roman, la tragédie n’efface pas l’espoir.
Julliard, 327 p., 20 euros.
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