Arnolphe (Claude Duparfait) est un jeune cadre dynamique. Un quadragénaire toujours jeune qui se maintient en forme en faisant de la gymnastique avec son ami Chrysalde (Assane Timbo). La première scène se passe sur des vélos d’appartement. Plus tard, on verra aussi Agnès (Suzanne Aubert), 17 ans, au côté de celui qui l’a fait élever à l’écart pour l’épouser et vivre tranquille, sans risquer d’être trompé.
Choisissant un espace moderne, très large – la maison est derrière cette salle de gymnastique et l’on aperçoit au loin le grand lit de la jeune fille –, Stéphane Braunschweig va à l’os de la comédie et met en lumière d’une manière très crue ce qu’il y a de terrible dans l’argument : rarement on a si bien entendu qu’Arnolphe a repéré dès ses 4 ans la petite fille. Jamais on n’a été si mal à l’aise devant la manière dont il la convoite et l’on tremble lorsqu’on le voit fermer la porte de la chambre…
Mais Braunschweig, avec une férocité et une ironie d’ogre rieur, nous laisse entendre que la jeune Agnès, éveillée à l’amour par le seul Horace (Glenn Marausse) – un nigaud, mais un jeune homme ! –, est aussi une sacrée perverse et qu’elle a peut-être trouvé dans la cruauté l’oubli de l’ennui qui lui pèse : n’aurait-elle pas trucidé le petit chat ? Quant à Arnolphe, perdant ses nerfs et laissant exploser sa vaine lubricité, il est lui aussi particulièrement malmené par la lucidité – et l’audace – du metteur en scène. Quand on pense à Molière, quand on pense aux Béjart, évidemment, on n’en est que plus troublé.
Tout ceci tient évidemment à la fascinante interprétation de Claude Duparfait. Un comédien d’exception, familier de l’univers de Stéphane Braunschweig. Ensemble, ils ont exploré Molière et il a notamment interprété les rôles-titres du « Misanthrope » et du « Tartuffe ». Claude Duparfait, aujourd’hui artiste associé au Théâtre national de Strasbourg, écrit, met en scène. Il a toujours été magistral. Ici, il est incroyable. Il est cet homme paumé de tout son corps, de toutes ses fibres nerveuses et intellectuelles. On le dirait tout le temps au bord de la crise, comme s’il y avait des courts-circuits dans son corps, son cœur, son âme. Voix, visage, regard, gestes, mouvements, tout est hallucinant. Et maîtrisé.
On retrouve Suzanne Aubert, si jolie, fine, sensible. Elle avait été la bouleversante Hedvig du « Canard sauvage » d’Ibsen mis en scène par Stéphane Braunschweig. On l’a revue souvent. Elle est idéale. Et tous les autres rôles sont excellemment tenus. Bref, un très grand travail.
Durée 1 h 50. Jusqu'au 29 décembre puis en tournée. Odéon, tél. 01.44.85.40.40, www.theatre-odeon.eu
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