« Majorana 370 », « Écoute donc voir… »

L'énigme et la vérité

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Publié le 27/02/2020
« Majorana 370 », de Florient Azoulay et Élisabeth Bouchaud, « Écoute donc voir… », de Patrick Grégoire : la vie d’un savant mystérieusement disparu, celle d’un enfant touché aux yeux par une maladie orpheline. De quoi réfléchir par-delà les spectacles.
« Majorana 370 »

« Majorana 370 »
Crédit photo : PASCAL GÉLY

Les auteurs de « Majorana 370 » (1) sous-titrent leur pièce « Disparition énigmatique d’un savant visionnaire ». Sans être très féru de science, on connaît Ettore Majorana, car la littérature s’est déjà intéressée à lui. Leonardo Sciascia a écrit « la Disparition de Majorana » en 1975. Jordi Bonells a enquêté en Argentine et signé « la Deuxième Disparition de Majorana » (2004). En France, en 2013, Étienne Klein a publié « En cherchant Majorana - Le physicien absolu ».

Physicien de génie né en 1906 à Catane, en Sicile, Majorana avait rejoint le très célèbre groupe réuni à Rome autour d’Enrico Fermi. Ses recherches le conduisent en Allemagne. Au retour, il cesse de fréquenter le laboratoire. Il devait disparaître le 26 mars 1938, sur un bateau entre Naples et Palerme…

On attendait donc avec beaucoup d’impatience la pièce composée par Elisabeth Bouchaud, scientifique qui a fondé et dirige le Théâtre de la Reine Blanche, et le dramaturge Florient Azoulay. Or ils ont adossé leur travail à la tragique disparition du vol MH370 (ce qui explique le titre), vol qui allait de Kuala Lumpur à Pékin, en 2014, imaginant un couple de femmes, l’une physicienne, l’autre architecte.

Ce fil prend trop de place dans la représentation, et c’est vraiment dommage. La mise en scène de Xavier Gallais, les choix esthétiques, la décision de présenter Majorana comme un garçon plein de tics, arasent le propos. C’est trop confus pour que l’on s’attache aux personnages de manière simple et directe. Le destin de Majorana, l’évocation de Fermi et de son groupe sont à eux seuls passionnants et ils auraient suffi. Il faudrait tout simplifier, se consacrer au seul jeune savant de génie et à ses amis. Et donner plus de place aux réponses à l’énigme…

Faire face au handicap

Autre question de science, et de médecine plus particulièrement, avec « Écoute donc voir » (2). On est ici dans la simplicité d’une parole qui n’a même pas besoin du dispositif scénique imaginé, ce petit lit suspendu notamment. Patrick Grégoire a écrit l’histoire vraie de Raphaël Thiéry, qui dut subir, dans son enfance, des opérations très lourdes des yeux. C’est ce dernier qui joue et s’accompagne d’instruments de musique un peu insistants, une cornemuse, notamment. C’est touchant. Ce spectacle a été déjà donné en tournée et notamment dans le cadre des journées mondiales des maladies rares.

(1) Reine Blanche, jusqu'au 5 avril, à 20 h 45 du mercredi au samedi et le dimanche à 16 heures Durée 1 h 50. Tél. 01.40.05.06.96, reineblanche.com

(2) Studio Hébertot, jusqu'au 5 avril, à 21 heures jeudi, 19 heures vendredi et samedi, 17 heures dimanche. Durée 1 h 25. Tél. 01.42.93.13.04, studiohebertot.com

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin