Les pièces de G. Sibleyras et L. Ruquier

Les acteurs font la comédie

Par
Publié le 20/04/2017
Article réservé aux abonnés
Theatre-La Récompense

Theatre-La Récompense
Crédit photo : EMMANUEL MURAT

Dans « la Récompense » (1), un médiéviste reçoit un prix. Il se rend compte que les lauréats qui l’ont précédé sont morts dans l’année qui a suivi la remise de la distinction. Il panique. Son entourage est plutôt occupé à régler des affaires de cœur et lui, d’ailleurs, a trahi son frère en succombant aux charmes de sa belle-sœur. Vieille histoire soudain menaçante…

On le voit, l’argument imaginé par Gérald Sibleyras est ténu. L’auteur a beaucoup de talent, mais cette comédie-là est pauvre. Dans un beau décor de jardin, Bernard Murat la met en scène avec son habituel savoir-faire, dirigeant de bons comédiens. Lionel Abelanski, le frère, Anne Jacquemin, son épouse, Alysson Paradis, petite amie de l’historien, Alice Dessuant, apparition surnaturelle… Daniel Russo est le spécialiste du Moyen Âge. Heureusement qu’il s’empare de ce personnage assez flou et qu’il en fait un roi sans divertissement, un bouffon tragique. Il le prend au sérieux et, du coup, la comédie a plus d’allant et d’intérêt. Il est épatant, Russo.

Dans « A droite À gauche » (2), de Laurent Ruquier, qui se joue depuis le mois de septembre, la reprise du rôle de Francis Huster par Jean-François Balmer redonne du nerf à l’un des grands succès populaires de la saison. Chez un comédien célèbre qui se dit de gauche (Balmer), un chauffagiste qui vote à droite (Régis Laspalès) attend une pièce pour réparer la chaudière. Ils dialoguent. Tous les thèmes de désaccord sont passés en revue. Et le plus ouvert, le plus généreux, c’est l’ouvrier.

Laspalès est un comédien profond, incisif. Il fait merveille, sans aucun effet. Juste avec un jeu sobre et très touchant. Et sa personnalité forte. Face à lui, Jean-François Balmer, qui débute au boulevard, est extraordinaire, car il prend son personnage avec une fougue et une acuité dignes de Molière. Huster composait un personnage virevoltant et égotiste, ce qui était juste. Mais Balmer va plus loin et cela donne un éclat nouveau à la comédie.

 

 

(1) Théâtre Édouard VII, jusqu’en juillet. Durée 1 h 30. Tél. 01.47.42.59.92, www.theatreedouard7.com
(2) Théâtre des Variétés, jusqu’au 29 avril. Durée 1 h 45. Tél. 01.43.22.09.92, www.theatre-des-varietes.fr

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9574