Sommet d’esthétique et de raffinement dans la magnifique production de Nicholas Georgiadis et la chorégraphie très originale de Kenneth MacMillan – mal accueillie à sa création en 1974 à Londres ( le chorégraphe fut accusé de misogynie par les féministes) et devenue un classique –, « l’Histoire de Manon », d’après l’œuvre de l’Abbé Prévost, est aussi une réussite totale sur le plan du découpage musical. Leighton Lucas a réalisé une orchestration idéale à partir de musiques de Jules Massenet venues de toute son œuvre... sauf de l’opéra « Manon » ! Martin Yates, responsable des nouveaux arrangements et de l’orchestration en 2011 à la tête de l’orchestre de l’Opéra, a dirigé de main de maître cette magnifique partition.
C’est avant tout l’intelligence du travail de MacMillan et son immense compréhension et amour des danseurs qui rendent cette chorégraphie unique. L’ébouriffante virtuosité dont il a truffé pas de deux, solos, ensembles, est toujours au service de la passion qui ravage le couple Manon-Des Grieux et tous ceux qu’ils entraînent dans un tourbillon infernal. Pour Manon, il a inventé un rôle de femme sensuelle qui ne renie pas son goût pour le luxe et les bijoux et n’hésite pas une seconde à tout leur sacrifier, mais sait garder la tête froide, y compris dans la terrible dégringolade du dernier acte.
Émotion et virtuosité
On a vu au Palais Garnier les Manon de Sylvie Guillem, Isabelle Guérin, Fanny Gaïda, chacune apportant au rôle une étincelle de leur personnalité. Aurélie Dupont, qui avait abordé le rôle en 1996, avant même d’être nommée danseuse étoile, a gagné en intensité. Tendre et séductrice d’emblée, puis très aguichante au deuxième acte, pathétique dans sa scène avec le geôlier et encore plus dans celle de sa mort, elle passe en trois heures par tout le spectre des émotions féminines sans jamais rien sacrifier à la virtuosité, qui est transcendée au point qu’elle ne se voit pas.
Il faut saluer, de même, l’engagement total de l’étoile milanaise Roberto Bollé, invité pour ces représentations exceptionnelles à incarner le chevalier des Grieux, un rôle dans lequel MacMillan a cumulé les difficultés, avec des pas de deux périlleux, acrobatiques même, avec des glissades au sol et des portés peu classiques. Dans le rôle de Lescaut, frère de Manon, Stéphane Bullion brille de spontanéité et d’humour, même s’il paraît un peu trop jeune pour aller jusqu’au bout de la vilenie du personnage, comme le faisait si bien son aîné Kader Belarbi. Alice Ravenaud, dans le rôle de sa maîtresse, brille par une présence et une technique au-delà de tout éloge. Benjamin Pech aborde avec Monsieur de G. M. un rôle de maturité dont il se sort avec beaucoup de panache.
Aurélie Dupont, visiblement très émue, a été chaleureusement et longuement applaudie par des spectateurs debout et très enthousiastes. Atteinte par la limite d’âge, la danseuse étoile fera définitivement ses adieux au ballet de l’Opéra de Paris le 18 mai lors d’une soirée exceptionnelle filmée par Cédric Klapish. À la demande du directeur de la danse Benjamin Millepied, elle restera dans la maison comme Maître de ballet. Avant cela, elle créera « Sleep », de Saburo Teshigawara, cet été à Tokyo.
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