CINEMA - « Le Chat du rabbin », de Joann Sfar

Les couleurs de la BD

Publié le 08/06/2011
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Crédit photo : DR

POUR SON deuxième film, après « Gainsbourg (vie héroïque) », Joann Sfar a choisi d’adapter sa BD, s’étant aperçu, « à force d’intervenir dans les écoles et les collèges, (qu’elle) avait une vraie fonction : dédramatiser les histoires entre les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans ». D’où l’idée, tout en se situant dans l’Algérie de l’entre-deux guerres, de parler de la France multiculturelle d’aujourd’hui et de faire passer un « message : on a le droit de respecter les gens sans forcément partager leurs croyances ». Dans un film qui, quoi qu’en disent certains, n’est pas destiné aux enfants.

Tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont lu les albums (cinq au total) publiés depuis 2002, ne seront pas dépaysés. Il est bien là, avec la voix de François Morel, le chat subitement doué de parole et qui, par amour pour sa jeune maîtresse, demande à faire sa bar-mitsva, ce qui pose à son rabbin de maître des problèmes théologiques et existentiels. Ils sont bien là aussi, l’humour du dessinateur-réalisateur et son trait expressif, l’évocation mi-réaliste/mi-mythologique de l’Afrique coloniale et les couleurs d’un monde à la fois proche et disparu.

S’y ajoutent les voix, particulièrement bien choisies (outre les sus-cités, Hafsia Herzi, François Damiens, Mathieu Amalric) et la musique entraînante, mêlant sonorités klezmer, arabes, andalouses, tziganes..., sans oublier Enrico Macias. Reste que l’animation elle-même, aussi efficace soit-elle, n’apporte pas grand chose de plus que la BD, ni au plaisir, ni à la démonstration.

> RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8978