Karine Tuil est la grande vainqueur de ce palmarès final, avec non seulement le prix Interallié (troisième femme seulement à le décrocher en 35 ans) mais aussi le Goncourt des Lycéens (l’un des prix les plus prescripteurs) pour son 11e roman, « les Choses humaines ». Le livre est édité chez Gallimard, ce qui porte à quatre le nombre de prix obtenus par la maison d’édition cette saison (avec les Renaudot et Femina).
Une famille au faîte de la réussite sociale — lui est journaliste politique et elle connue pour ses engagements féministes — est soudainement ébranlée par l’accusation de viol portée contre le fils, un brillant étudiant. Au fil du procès, qui démonte le terrible engrenage de la tentation du sexe, le lecteur est confronté à ses propres interrogations et doit prendre position.
Premiers romans
Les jeunes du prix Renaudot des Lycéens ont conforté Victoria Mas et son premier roman, « le Bal des folles » (Albin Michel), déjà salué par le prix de la Première Plume, le prix Patrimoines et le prix Stanislas. Âgée de 32 ans, la fille de la chanteuse Jeanne Mas nous introduit à la Salpêtrière dans les pas de Jean-Martin Charcot, où le neurologue ajoute à ses techniques expérimentales un rendez-vous costumé et dansant pour éveiller l’esprit des « malades ».
Le prix de Flore est allé à Sofia Aouine pour son premier roman « Rhapsodie des oubliés » (La Martinière). Née en 1978 dans les Hauts-de-Seine dans une famille d’origine kabyle, la lauréate, autodidacte nous dit-on, habite dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris, soit le personnage principal du livre. L’autre héros est un garçon de 13 ans étiqueté primodélinquant par les services sociaux mais qui ne demande qu’à vivre un avenir meilleur. Raconté avec verve dans une langue à la fois argotique et littéraire, le quotidien du quartier se dévoile dans sa dure réalité.
Le jury du prix Wepler-Fondation La Poste a mis à l’honneur Lucie Taïeb, 42 ans, pour « les Échappées » (éd. de l’Ogre), son deuxième livre après « Safe ». Maître de conférences en littérature comparée à l’université de Brest, traductrice des poètes autrichiens et elle-même poétesse, elle décrit le parcours d’émancipation de femmes pour échapper à un pouvoir autoritaire et destructeur. Deux intrigues se mêlent, dans la sphère politique et la sphère intime, l’une évoquant la question de la résilience et l’autre celle de la révolte.
Une mention spéciale est revenue à Bruno Remaury, 58 ans, docteur en anthropologie sociale, pour « le Monde horizontal » (Corti), un texte à la croisée de l’essai et du récit. Mêlant fiction et faits réels, l’auteur entrelace petites et grandes destinées prises dans les mouvements invisibles du monde et dessine en la suggérant l’évolution de notre rapport au monde.
Géraldine Dalban-Moreynas est de celles qui réussissent : journaliste, elle a ensuite dirigé la communication au ministère de la Cohésion sociale puis fondé et géré pendant dix ans sa propre agence, avant de se lancer dans la décoration (M.conceptstore) entre Paris et Marrakech et de faire florès avec des chroniques de la vie quotidienne sur Instagram (@geraldinefromlabutte). Elle vient de recevoir le prix du Premier roman pour « On ne meurt pas d’amour » (Plon). L’histoire d’un coup de foudre imparable entre une jeune femme et un homme marié et père d’une petite fille, qui les conduit à une relation adultère tellement passionnelle que le lecteur y adhère.
L'Europe en question
Le prix du Premier roman étranger a récompensé « les Patriotes » de l’Américaine Sana Krasikov (Albin Michel). En explorant le destin de trois générations d’une famille juive qui émigre des États-Unis en Union soviétique puis retourne en Amérique, le livre nous plonge au cœur de l’affrontement Est-Ouest et dessine « l'histoire de milliers d’Américains abandonnés par leur pays en pleine terreur stalinienne ».
Le prix du Livre européen est allé à Jonathan Coe pour le troisième volet (après « Bienvenue au Club » et « le Cercle fermé ») de sa saga Benjamin Trotter. « Le Cœur de l’Angleterre » (Gallimard) démarre avec le retour au pouvoir des Conservateurs au printemps 2010, et s’achève au présent avec l’imminence incertaine du Brexit. Il décrit avec ironie la société britannique sous ses différents angles et questionne les grandes sources de crispation contemporaines — le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct et les identités.
Le prix du Livre européen « essai » est revenu à Laurent Gaudé pour « Nous l’Europe, banquet des peuples » (Actes Sud), un texte en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d’affrontements, d’enthousiasmes, de défaites et d’espoirs, et invitant à la réalisation d’une Europe des différences, de la solidarité et de la liberté. Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004 pour « le Soleil des Scorta », a également remporté le Grand Prix du Roman métis et le Prix du roman Métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis (La Réunion) pour « Salina, les trois exils » (Actes Sud).
Ce ne sont là que quelques-uns des lauriers distribués ces jours derniers (parmi les 2000 prix annuels, dont près de 200 ont un écho national). On pourrait encore vanter les prix de la Société des gens de lettres décernés à Camille Brunel pour « la Guérilla des animaux » (Alma éditeur) et à Dalie Farah pour « Impasse Verlaine » (Grasset), le prix Cognac du meilleur roman francophone à Jérôme Loubry pour « les Refuges » (Calmann-Lévy), le prix de la Littérature arabe à Mohammed Abdelnabi pour « la Chambre de l’araignée » (Sindbad/Actes Sud) ou, pourquoi pas, le Prix de la page 111 (à ne pas confondre avec le Prix de la page 112 !) à Thomas Giraud pour « le Bruit des tuiles » (La Contre-Allée), l’histoire de l’ingénieur français Victor Considerant, qui a tenté de fonder sa propre communauté dans un village isolé du Texas, Dallas, et a dû renoncer après cinq années de vains efforts.
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