Au quotidien
À 60 ans, après trente années de publications et presque autant de livres, Dany Laferrière se met à nu… ou presque, avec « Journal d’un écrivain en pyjama » (1). L’auteur de « Vers le Sud » (adapté au cinéma par Laurent Cantet »), de « l’Énigme du retour » (prix Médicis 2009) et de « Tout bouge autour de moi », a revêtu son « habit de travail » favori – le pyjama, indispensable autant pour lire que pour écrire – et offre une suite de scènes en tous genres où il se découvre en « action » et dans son intimité.
Chacune des 182 notules qui composent l’ouvrage est présentée comme un « conseil à un jeune écrivain », mais le livre en donne bien plus. Au-delà de la lecture et de l’écriture, loin de tout pédantisme et dans un style tout d’humour et de fausse désinvolture, Dany Laferrière parle en effet de nous et de la vie quotidienne. Cheminer au sein de ces courts chapitres est un réel plaisir.
Au pays des Transcendantalistes
Après un incendie qui a ravagé son appartement, brûlant toute sa bibliothèque et les auteurs qu’elle aimait, hormis un seul ouvrage, « la Lettre écarlate », de Nathaniel Hawthorne, la narratrice de « la Transcendante » (2) part à la source du livre, à Boston, dans le Massachusetts.
Patricia Reznikov, qui est franco-américaine (auteur de « Toro », prix France Culture du premier roman et de « la Nuit n’éclaire pas tout », prix Cazes-Lipp 2011), nous entraîne dans un périple à la fois « touristique » et littéraire en Nouvelle-Angleterre, dans des villes comme Salem, où se déroulèrent les procès en sorcellerie au XVIIe siècle, ou Concord, où vécurent Hawthorne, mais aussi Henry David Thoreau ou Ralph Waldo Emerson. Un voyage initiatique pour la narratrice et dépaysant pour le lecteur.
La ballade de François Villon
Qui se ressemble s’assemble ! Normalien, ancien agent du Mossad et aujourd’hui marchand de livres anciens à Tel-Aviv, Raphaël Jerusalmy (« Sauver Mozart ») nous emmène, avec « la Confrérie des chasseurs de livres » (3), entre thriller et picaresque. Alors que l’Histoire a perdu la trace de François Villon après qu’il a donné sa fameuse « Ballade des pendus », en 1463, il s’est emparé de ce héros romanesque par excellence et lui donne une seconde vie.
Il imagine que le roi Louis XI sauve le malheureux du gibet, s’il convainc un célèbre imprimeur de Mayence de venir s’installer à Paris, afin de faciliter la circulation des idées progressistes réprouvées par le pape Paul II. Sa mission conduit le poète jusqu’en Terre sainte, où il découvre la Jérusalem d’en bas, siège de la Confrérie des chasseurs de livres, constituée d’érudits, de mercenaires, de mécènes et d’agents secrets, qui possède une incroyable quantité de manuscrits et éditions de tous ordres.
Récit d’aventures et de suspense sur fond de complot géopolitique, assorti d’une jolie histoire d’amour, le roman rend hommage, en mettant en scène un Villon tout d’insolence, à l’esprit contestataire, et bien sûr aux livres, qui, seuls, peuvent lutter contre la toute-puissance du dogme et des armes.
Vie et mort de Virginia Woolf
Autre roman riche en rebondissements, « le Jardin blanc » (4) de Stéphanie Barron, à l’origine de 11 romans policiers mettant en scène Jane Austen. Il commence aussi là où s’arrête la vie. Celle de Virginia Woolf, qui s’est noyée le 28 mars 1941. Or, en 2008, une jeune paysagiste, venue étudier le fameux jardin créé dans le Kent par Vita Sackville-West, l’amie de Virginia Woolf, trouve un journal intime qui semble avoir été écrit par la romancière, mais qui commence le 29 mars 1941. Et si elle ne s’était pas suicidée ?
Commence alors une enquête sur les derniers jours de l’écrivaine, qui entraîne d’Oxford à Cambridge, de demeures prestigieuses en bibliothèques légendaires et dans des jardins mystérieux, dans une Angleterre traditionnelle où le feu couve sous les bonnes manières.
La dactylo de Céline
L’une des questions abordées par Vincent Jolit dans son premier roman, « Clichy » (5), est la capacité d’un récit à créer un personnage et une intrigue. L’auteur s’intéresse en effet à Aimée, une secrétaire du dispensaire de Clichy que le Dr Louis a chargée, en 1929, de dactylographier son premier roman, « Voyage au bout de la nuit ». Comme on ne sait rien d’Aimée, il invente à la jeune femme un passé, une personnalité, des désirs et des rêves, il imagine aussi les difficultés de sa tâche, le travail trois fois recommencé, l’incompréhension d’Aimée ou son trouble devant le texte.
(1) Grasset, 304 p., 19 euros.
(2) Albin Michel, 288 p., 19 euros.
(3) Actes Sud, 320 p., 21 euros.
(4) NiL, 406 p., 21 euros.
(5) La Martinière, 144 p., 14,90 euros.
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