À L’ARTICLE « Identité », le Littré explique que ce terme est employé pour établir « si un individu est bien celui qu’il prétend être » ou encore « si le corps d’une victime est bien celui de telle personne ». On voit que, dès le début, rien n’est simple. C’est en tout cas le sens du contrôle d’identité de la police, visant à savoir si vous êtes bien le même que celui qui prétend s’appeler… comme vous. Il s’agit donc implicitement d’une logique prodigieuse, puisque deux choses n’en sont en fait qu’une seule.
Déjà, ajoute l’auteur, rien n’est plus difficile à prouver que le fait qu’une chose est identique à elle-même. On connaît l’exemple d’Aristote, du bateau dont on change un jour la mâture, puis la voilure, puis la coque : on dit qu’il reste le même alors que tout en lui a changé.
De nos jours, l’identité a perdu ses hantises tautologiques – prouver que A est bien A –, pour désigner on ne sait trop quelles qualités ou valeurs, attribuées par exemple à un petit village qui risquerait de les perdre.
C’est bien en ce sens que je parlerai de MON identité, valeur que je dois défendre car elle est menacée de disparaître ou d’être absorbée dans un Tout. On voit que ce terme désigne paradoxalement à la fois la volonté d’être le même et le différent.
De fait, un individu a de multiples identités. Je suis de tel sexe, français, normand, adhérent d’un club de pêche à la ligne, fervent d’opéra et membre d’un parti politique. En fonction des circonstances, je ferai ressortir avec force tel ou tel particularisme, tels ces Français qui se sentent terriblement patriotes à l’étranger.
C’est l’occasion pour l’auteur d’analyser la notion d’identités collectives, qu’il nomme « embarras de langage ».
Déjà, il y a effet oxymore dans le fait de s’attribuer à soi-même un trait fondamental, détenu par des milliers d’êtres humains. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit d’identité nationale, on suggère que la nation est une substance inaltérable plutôt qu’une réalité historique, donc changeante. Sans compter que l’idée d’identité collective renforce aujourd’hui, par cette seule appellation, le communautarisme ambiant.
Tout ceci est très finement analysé par Vincent Descombes, dans un livre peut-être trop alourdi de citations et références diverses. En le refermant, on se demande si on ne doit pas finalement renoncer à l’idée d’identité, terme excessif, marqué d’ubris, écartelé entre le communautarisme et l’individualisme.
Vincent Descombes, « les Embarras de l’identité », Gallimard, « nrf essais », 254 p., 21 euros.
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