Les étrangers récompensés

Publié le 13/11/2012
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« RÉTROSPECTIVE » (Grasset) est le huitième livre traduit en français d’Avraham B. Yehoshua, 76 ans, l’un des chefs de file de la littérature israélienne et très engagé en faveur du processus de paix israélo-palestinien. Il y retrace la vie d’un réalisateur israélien septuagénaire qui se rend à Saint-Jacques-de-Compostelle pour participer à la rétrospective de ses œuvres et y retrouve l’actrice qui fut jadis sa muse et la cause de sa rupture avec son scénariste, son ami de toujours. Une réflexion sur la création artistique avec, en toile de fond, thème récurrent de ses écrits, l’étude des rapports entre ashkénazes et séfarades.

Dans son premier roman plusieurs fois primé aux États-Unis, « Quand l’empereur était un dieu », Julie Otsuka évoquait les camps de la honte où furent parqués, en 1941, les citoyens américains d’origine japonaise, considérés désormais comme des ennemis. Dans son deuxième roman, qui lui a valu le prix Femina étranger, « Certaines n’avaient jamais vu la mer » (Phébus), elle remonte le temps jusqu’avant la Deuxième Guerre mondiale. Elle parle de ces milliers de jeunes Japonaises qui se sont mariées par correspondance avec des compatriotes établis aux États-Unis, rêvant d’une vie meilleure, et qui, en arrivant, découvrent des maris aussi misérables qu’elles, qui travaillent comme des forçats dans les champs ou dans les blanchisseries des villes californiennes. Julie Otsuka – née en Californie, en 1962, dont le grand-père et sa famille ont été internés pendant trois ans dans un camp de l’Utah au lendemain de Pearl Harbor – ne s’attache pas au destin d’une ou plusieurs de ces femmes mais elle emploie la première personne du pluriel, faisant de la somme de toutes ces vies une tragédie emblématique de l’exil et d’une tromperie collective.

M. F.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9188