Deux spectacles à Paris

Les femmes toujours en question

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Publié le 24/01/2019
THÉÂTRE-LES Secrets

THÉÂTRE-LES Secrets
Crédit photo : CH. RAYNAUD DE LAAGE

Théâtre-Les Secrets (H)

Théâtre-Les Secrets (H)
Crédit photo : CH. RAYNAUD DE LAAGE

Elles ont inventé leur manière avec leur premier spectacle, incisif et cocasse. Cela s’intitulait : « C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde ». Tiphaine Gentilleau, Claire Fretel, Cholé Olivères pointaient avec intelligence, efficacité, un sens merveilleux du comique et beaucoup de sensibilité, les incohérences et les difficultés de la vie d’une femme dans la société, aujourd’hui. Elles récidivent avec « les Secrets d’un gainage efficace » (1), un opus qui scrute de près le corps, les humeurs, les soucis en tous genres.

Attention, c’est cru. Ces dames appellent un chat un chat et se sont renseignées. Leurs démonstrations sont scientifiques. Leurs inventions désopilantes. Elles dissertent et déconstruisent… Elles dessinent. Qu’est-ce que la beauté, le poids idéal, le poil, le sexe, etc. La leçon d’anatomie sur l’hymen et le clitoris fait rire le public, hommes compris. Elles ont du cœur et, par-delà les délires, il y a l’émotion, les souffrances. Mais la dominante est tonique.

En politique

Comme l’est le spectacle écrit par Nicolas Bonneau avec Fanny Chériaux sous le titre « Qui va garder les enfants ? » (2), interrogation de l’aimable Laurent Fabius lorsque Ségolène Royal se présenta aux élections présidentielles.

Comédien qui aime plonger dans la société française, Nicolas Bonneau a mené une longue enquête auprès de femmes engagées en politique. Il en a tiré un texte qu’il joue, mis en scène par Gaëlle Héraut. Franchement, il pourrait s’affirmer plus. Il est un peu en retrait comme interprète. Un peu trop discret. La mise en scène devrait donner un petit côté un peu fou à la représentation, pour le moment beaucoup trop sage.

Cela n’enlève rien à la qualité de l’observation de Nicolas Bonneau ni à l’intérêt de ses propres réflexions d’homme face aux difficultés que doivent affronter les femmes, toutes les femmes… Ni à son talent.

Deux spectacles soignés, intelligents, sans prétention et qui montrent qu’il reste du travail pour que les femmes aient une place d’égalité avec les hommes dans nos sociétés, même en 2019. On vous laisse méditer par ailleurs la diatribe d’une violence inouïe de l’Espagnole Angelica Liddell dans son nouveau spectacle, « The Scarlet Letter » (3). Diatribe contre les femmes tandis que, plus narcissique que jamais, elle joue les poupées au milieu d’une bonne douzaine d’hommes. Complètement nus, bien sûr.

 

 

(1) Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 3 février. Du mardi au dimanche à 18 h 30 (durée 1 h 30). Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr

(2) Théâtre de Belleville, jusqu’au 31 mars. Du mercredi au samedi à 19 h 15 et en mars le mardi aussi (durée 1 h 30). Tél. 01.48.06.72.34, www.theatredebelleville.com

(3) Théâtre de la Colline, jusqu'au 26 janvier, www.colline.fr

 

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9718