La révolte des riches
« Le bal des importants » (1) est paru en novembre 2011 ; et déjà l’échéance de ce suspense de politique-fiction, ou, mieux, de finance-fiction, est passée, puisque l’auteur a pris le risque de la situer en janvier 2012. Mais cela n’enlève rien à la pertinence du roman, qui, aussi bien qu’un essai, démonte les mécanismes ravageurs du capitalisme financier. Thierry Galineau – un nom de plume – a pour métier de conseiller les grands groupes industriels et les fonds d’investissement internationaux.
Le point de départ du livre est une « révolte » des riches, satisfaits d’être toujours plus riches mais qui en ont assez de l’hostilité populaire et qui rechignent à continuer d’investir dans un Occident en déclin. Le héros l’a bien compris, qui va fédérer, grâce à son réseau social baptisé « Triple A », sorte de Facebook de millionnaires, une communauté de riches qui va progressivement devenir une quasi-nation. Jusqu’à adresser, en ce fameux mois de janvier 2012, un appel d’offres aux États occidentaux pour sélectionner un pays où s’établir et fonder une société nouvelle !
Un scénario machiavélique mais tout à fait possible, à vous de voir. Car il n’est pas besoin de lire entre les lignes pour s’inquiéter – enfin – de savoir jusqu’à quel point la démocratie peut être soluble dans l’argent. Un excellent roman.
Fantastique pas mort
Quarante ans après « l’Exorciste » (réédité dans la collection Pavillons Poche de Robert Laffont), William Peter Blatty publie « Dimiter » (2), un thriller atypique mêlant espionnage, suspense et spiritualité. Le récit est construit à la manière d’un puzzle, avec, d’une part, dans l’Albanie de 1973, un homme détenu prisonnier qui résiste de manière très inhabituelle aux tortures et aux manipulations psychiques, qui ne donne même pas son identité, jusqu’à son évasion. D’autre part, un an plus tard, des événements étranges, parmi lesquels des guérisons miraculeuses et des décès inexplicables, qui bouleversent la ville de Jérusalem. Les autorités et les services de renseignement suivent la piste d’un certain Dimiter, surnommé « l’agent de l’enfer ».
« The Lucifer Code » (3) est signé Charles Brokaw, pseudonyme d’un universitaire attiré par l’histoire et l’archéologie. Une combattante de l’IRA, un agent de la CIA, des voleurs d’antiquités et un éminent linguiste se livrent à une course-poursuite pour décrypter un manuscrit perdu depuis plus d’un millénaire, rédigé par Jean de Patmos, l’auteur du « Livre de l’Apocalypse », et tout juste retrouvé. Du déchiffrage de ce code mortel dépend le destin de l’humanité.
Sous le nom d’Adam Blake, se cache un écrivain à succès, romancier et auteur principal des deux séries de bande dessinée « X-Men » et « Fantastic Four », Mike Carey. « L’Évangile des assassins » (4) est son premier thriller, où les personnages s’intéressent également à des textes anciens : les manuscrits de la mer Morte, qui contiennent un secret concernant la mort du Christ. Pour le préserver, de sinistres assassins qui se disent les descendants de Juda, n’hésitent pas à employer tous les moyens.
Auteur de thrillers et de romans d’aventure traduits dans plus d’une quinzaine de langues – dont « le Syndrome Copernic » – en même temps que chanteur et compositeur, Henri Loevenbruck offre, avec « l’Apothicaire » (5), une fresque historique où se côtoient suspense et ésotérisme. Il nous ramène dans le Paris de 1313, et dans les pas d’un mystérieux Apothicaire, qui, parce qu’il est accusé d’hérésie et pourchassé par l’Inquisition, s’enfuit vers Compostelle et jusqu’au mont Sinaï, à la recherche de la vérité et de son passé. Au risque de se perdre. Un roman très documenté, entre action, suspense et conte philosophique.
Le terrorisme frappe encore
Lee Child a de la suite dans les idées. L’auteur anglais publie, avec « Elle savait » (6), le 16e roman qui met en scène son héros récurrent, Jack Reacher, ancien officier de police militaire, solitaire et hanté par son passé. Pour la première fois dans la série, il raconte l’histoire lui-même. Celle-ci commence dans la ligne 6 du métro de New York, vers 2 heures du matin, lorsque Reacher remarque une voyageuse qui a tout d’une terroriste candidate à un attentat suicide. Lorsqu’il va vers elle pour l’interroger, la femme se suicide. Aussitôt, la police de la Ville, Al-Qaïda, la CIA, le FBI, l’espionnage russe et un sénateur prennent le malheureux en chasse afin qu’il révèle ce que la passagère a confié à Jack Reacher.
Dans « NonStop » (7), le terrorisme prend aussi la forme de bombes humaines mais ce sont des innocents, des hommes et des femmes qui se sont vus implanter un pacemaker piégé dans les deux dernières années, qui vont exploser s’ils s’arrêtent de marcher. Pourquoi eux ? Comment peut-on les désamorcer ? Par qui ont-ils été transformés en engins de mort ? Aucune revendication ne vient orienter l’enquête. Frédéric Mars, qui a déjà publié une quarantaine de livres dans divers genres, a construit ici un scénario catastrophe tendance « 24 heures chrono ».
À suivre
Il est des romans, français, dont on se méfie en lisant la quatrième de couverture. « Un avion sans elle » (8) est de ceux-là, où un détective privé nommé Crédule Grand-Duc s’attache à découvrir l’identité d’une jeune fille nommée Libellule. Après qu’un crash d’avion, 18 ans auparavant, n’a laissé qu’un survivant, un nouveau-né dont deux familles, l’une riche et l’autre pas, se disputent la paternité. Eh bien, de ce mélo bizarre, Michel Bussi – professeur à l’université de Rouen et auteur de romans à tendance polar, dont « Code Lupin » et « Nymphéas noirs » – a fait un suspense qui se tient, où les personnages s’agitent comme des marionnettes au bout de sa plume.
Les fans de la « Trilogie berlinoise » de Philip Kerr, ne manqueront pas la suite des aventures de Bernie Gunther, centrées sur les sombres années de l’Allemagne nazie. « Hôtel Adlon » (9), qui a été couronné par de nombreux prix, en est le 6e épisode. Il nous ramène à Berlin, en 1934, alors que l’ancien policier est confronté au détournement des sommes pharaoniques que les nazis sont prêts à dépenser pour exhiber le nouveau visage de l’Allemagne à l’occasion des Jeux Olympiques – et aux meurtres que cela entraîne. La lumière sur cette affaire ne se fera que vingt ans plus tard, dans le Cuba prérévolutionnaire.
(1) XO Éditions, 348 p., 19,90 euros.
(2) Robert Laffont, 267 p., 20 euros.
(3) Calmann-Lévy, 367 p., 19,90 euros.
(4) MA Éditions, 473 p., 19,90 euros;
(5) Flammarion, 600 p., 22 euros.
(6) Calmann-Lévy, 441 p., 21,90 euros.
(7) Hachette, 656 p., 18 euros.
(8) Presses de la Cité, 532 p., 22 euros;
(9) Éditions du Masque, 509 p., 22,50 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série