NÉ AU CHILI, Patricio Guzmán a signé en 1973 et 1979 « la Bataille du Chili », trilogie consacrée au gouvernement de Salvador Allende et à sa chute. Lui-même a été arrêté après le coup d’État de Pinochet et enfermé pendant deux semaines dans le Stade national, de sinistre mémoire. En 1973, il s’exile, d’abord à Cuba, puis en Espagne et en France. Il poursuit son travail de documentariste, souvent consacré à son pays (« la Mémoire obstinée », « le Cas Pinochet « « Salvador Allende »). La mémoire des victimes de la dictature est aussi au cœur de « Nostalgie de la lumière », mais le film nous entraîne en même temps aux confins de l’univers, dans une magnifique réflexion sur l’humanité et sa mémoire.
Nous voici dans le désert d’Atacama, où se trouvent de nombreuses mines, comme celles où furent enfermés les mineurs dont le sauvetage a passionné la planète. Le cinéaste, passionné d’astronomie depuis l’enfance, nous mène à 3 000 m d’altitude, dans les grands observatoires qui attirent les astronomes du monde entier car la transparence du ciel est telle qu’elle permet de regarder très loin dans l’espace.
Les astronomes, nous explique-t-on, regardent toujours vers le passé, puisque la lumière des étoiles met des centaines de milliers d’années à parvenir jusqu’à nous. Leur exploration rejoint ainsi, au moins d’un point de vue métaphorique, la recherche de ces veuves, de ces mères, qui fouillent le sable du désert à mains nues ou avec leurs pelles dans l’espoir d’y trouver des ossements de leurs disparus. Un parallèle nourri des rencontres que fait le cinéaste et de ses interrogations métaphysiques et poétiques : « Comment expliquer que les os humains sont pareils à certains astéroïdes. Comment expliquer que le calcium qui constitue notre squelette est le même calcium que l’on trouve dans les étoiles ? Comment expliquer que les étoiles récemment nées se forment avec nos propres atomes, quand nous sommes mortels ? » Ou encore : « Comment est-il possible que les astronomes chiliens observent des étoiles qui sont à des millions d’années-lumière tandis que les enfants ne peuvent lire dans leurs manuels scolaires les événements qui se sont déroulés au Chili il y a à peine trente ans ? »
Les images sont belles, les astronomes sont passionnants et les femmes qui cherchent leurs proches très émouvantes. Une lumineuse démonstration.
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