DE RETOUR d’Hollywood après deux réalisations pas totalement convaincantes (« Gothika », « Babylon A. D. »), faute notamment de liberté de manœuvre, le cinéaste de « la Haine » a pu mener à bien un projet qu’il caressait depuis une dizaine d’années et pour lequel il avait fait plusieurs fois le voyage en Nouvelle-Calédonie. Le drame de la grotte d’Ouvéa : en 1988, quelques jours avant l’élection présidentielle, où s’affrontent le président et le Premier ministre de la cohabitation (Mitterrand et Chirac), des Kanaks prennent en otage 27 gendarmes. Le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) débarque tandis que l’armée est mobilisée. Des négociations très compliquées s’engagent, en liaison avec le ministre Bernard Pons et les plus hautes autorités en métropole. Mais le 4 mai, à la veille du second tour, l’assaut est lancé, faisant 21 morts, dont 19 indépendantistes. Mathieu Kassovitz raconte l’histoire du point de vue de Philippe Legorjus, le capitaine du GIGN, qui a consacré deux livres à son expérience (« la Morale et l’Action », en 1990, et « Ouvéa, la République et la Morale », tout récemment). Il s’est inspiré notamment de l’enquête menée par la Ligue des droits de l’Homme en 1989 et qui aboutit à des conclusions bien différentes de la version officielle.
Le propos est donc ambitieux. Les moyens sont à la hauteur, avec un tournage sur l’une des îles Touamotou. Et la mise en scène est aussi nerveuse que possible compte tenu des nécessaires explications d’une situation complexe. On peut reprocher à Kassovitz de s’être donné le beau rôle (celui de Legorjus, qui fait tout pour maintenir le dialogue avec les Kanaks). On peut ne pas être d’accord avec son interprétation – étayée par de nombreux témoignages, contredite par de rares autres. Ce qui est en tout cas passionnant, c’est l’analyse des processus de décisions qui conduisent à la catastrophe.
Cinéaste engagé, Kassovitz souhaitait que son film aille au festival de Cannes, en compétition ou non, pour que l’on parle du peuple kanak. Mais « L’Ordre et la Morale » n’aurait pas été apprécié par le comité de sélection. Reste aux spectateurs à aller se faire une opinion. Tous les films ne peuvent pas être aussi consensuels qu’« Intouchables » !
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