* L’écrivaine espagnole Almudena Grandes poursuit son imposante série « Épisodes d’une guerre interminable », entamée après avoir reçu le prix Méditerranée en 2008 pour « Un cœur glacé ». Après « Inès et la joie », « le Lecteur de Jules Verne » et « les Trois Mariages de Manolita », les lecteurs français découvrent « les Patients du docteur Garcia » (1), déjà couronné par le prix national de Littérature narrative 2018. L’auteure nous ramène dans l’Espagne franquiste, lorsqu'elle accueillait à bras ouverts les anciens nazis et quand ceux-ci trouvaient refuge dans des pays comme l’Argentine. Particulièrement dense, l’ouvrage nous catapulte d’une région d’Europe et du monde à l’autre à de multiples périodes et avec une kyrielle de personnages fictifs et historiques. Parmi les trois principaux héros qui servent de fil conducteur, le docteur Guillermo Garcia Medina, un Républicain qui, après la victoire de Franco, continue de vivre à Madrid sous une fausse identité.
* La chanteuse (cinq disques d’or) Viktor Lazlo, devenue écrivaine après des détours vers le cinéma et le théâtre, publie le deuxième volet d’une saga inaugurée avec « les Passagers du siècle », qui unissait dans un ample mouvement la traite négrière (l’auteure est d’origine antillaise) et la Shoah. « Trafiquants de colères » (2) s’inscrit dans cette vaste fresque qui nous embarque sur trois continents et trois générations, de 1945 à 2010, de Paris à Baltimore, de Fort-de-France à Jérusalem, à travers les destins croisés de deux lignées familiales. Les devenirs individuels sont emportés dans la tourmente de la grande Histoire au moment de la naissance de l’État d’Israël et de l’avènement des libertés civiques pour les descendants d’esclaves aux États-Unis.
* Écrire un livre sur les années sida en l’ancrant dans le Chicago des années 1980, et plus précisément à Boystown, le quartier dédié aux LGBT, avec tout ce que cela suppose de panique et d’hécatombe, et l’intituler « les Optimistes » (3) est la gageure, amplement réussie, de l’Américaine Rebecca Makkai (« Chapardeuse »). Finaliste du National Book Award et du prix Pulitzer, l'ouvrage fait partie des dix meilleurs romans de 2019 selon le « New York Times ». Le récit s’ouvre en 1985 sur la fête organisée pour l’enterrement de Nico. Un de plus parmi les artistes, activistes, journalistes ou professeurs qui entourent Yale, un jeune galeriste. La maladie brouille peu à peu les liens et bientôt il ne reste plus à Yale que Fiona, la sœur de Nico. Laquelle Fiona, en se rendant à Paris en 2015 pour retrouver sa fille échappée d’une secte, est confrontée à son passé. Rebecca Makkai mène ainsi deux histoires parallèles, dessinant les portraits de personnages brisés mais qui n’auront de cesse de trouver la beauté et l’espoir. Deux histoires qui racontent le poids du deuil pour les survivants.
* « Avant la longue flamme rouge » (4) est doublement inspiré d’une histoire vraie. Celle de Saravouth, 11 ans en 1971 lorsque la guerre civile a mis le Cambodge à feu et à sang ; et celle de la rencontre de l’auteur avec le survivant en 2004 à Montréal. Il a fallu treize ans à Guillaume Sire pour écrire, après l’avoir longuement écouté, le roman de l’enfance détruite du jeune garçon et nous faire entrer dans le pays imaginaire qu'il s’était alors construit, son « Royaume intérieur », nourri des histoires que lui lisait sa mère, professeur de littérature au lycée français.
* Vesper et Victor (deux pseudonymes) se rencontrent dans un café parisien. Elle va diriger dans quelques heures le service secret extérieur de la France, la DGSE, tandis que lui est le meilleur agent en Afrique. Une fonction à mettre au passé, puisque sa cheffe l’a convoqué pour le congédier. Ce n’est pas seulement la fin d’un travail, c'est presque une rupture amoureuse, car Victor a toujours été attiré par cette femme, autant qu’il s’en est méfié. C’est surtout l’occasion pour l’espion déchu de se remémorer toutes ces manœuvres et magouilles qui ont pesé sur le destin des pays africains. Vingt-cinq ans d’actions sur le terrain qui ont, parfois, modifié le cours de l’histoire. L’enjeu de leur entretien est-il vraiment de faire table rase du passé ? «Vesper » (5) est certes un roman d’aventures, mais aussi un livre en grande partie autobiographique. Si Vincent Crouzet est connu pour ses romans d’espionnage (le dernier est « Retex »), il a révélé, après avoir publié en 2017 un document sur le scandale d’État UraMin (« Une affaire atomique »), qu’il avait travaillé pendant vingt ans pour la DGSE.
* Jeune auteure de 31 ans, d’origine roumaine et née en Finlande, Cristina Sandu a vécu plusieurs années en France avant de s’installer à Oxford. « Tout commence par la baleine » (6), son premier roman, a été finaliste du prix Finlandia. Alors que son grand-père paternel roumain vient de mourir et qu’elle est en pleine rupture amoureuse, Alba retourne au village où elle passait ses étés et retrouve les villageois et les membres de sa famille émigrés aux quatre coins du monde. L’histoire familiale se mêle aux veillées funéraires, avec des souvenirs qui datent de la dictature de Ceausescu et des questionnements sur l’attachement à son pays et à son identité. Un récit enraciné dans les légendes et les mythes qui peuplent la culture roumaine et finlandaise. L'auteure, à travers une histoire personnelle, aborde des thèmes historiques et universels.
(1) JC Lattès, 680 p., 24,50 € (2) Grasset, 395 p., 22 € (3) Les Escales, 555 p., 22,90 € (4) Calmann-Lévy, 332 p., 19,50 € (5) Robert Laffont, 426 p., 21 € (6) Robert Laffont, 316 p., 20 €
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