« La Vraie Vie », « Madame Klein »

Lorsque paraissent les enfants

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Publié le 19/10/2017
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theatre-La Vraie Vie

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Crédit photo : EMMANUEL MURAT

Auteur de pièces efficaces et drôles, Fabrice Roger-Lacan tresse plusieurs thèmes dans « la Vraie Vie » (1).

Un premier fil est celui de l’ascendant qu’a pu exercer un professeur de philosophie, Maxime Machin (Bernard Murat, qui signe également la mise en scène), sur un élève. Celui-ci, Pierre Costa (Guillaume de Tonquédec), l’a rencontré par hasard et invité à dîner. On est vingt ans plus tard, et celui qui est devenu documentariste animalier va devoir déchanter. Il vit depuis quatre ans avec une très jolie jeune femme, Florence, psychothérapeute dans un hôpital (Léa Drucker). Ils n’ont pas d’enfant. Elle en souffre profondément. Un événement éprouvant va la bouleverser : sur un parking, on lui a proposé d’acheter un nourrisson.

Ce sont deux autres fils, auxquels s’ajoute le fait que le prof de philo est accompagné d’une très jeune femme (Alka Balbir). Elle est au bord d’accoucher. Mais elle ne veut pas de cet enfant (qui n’est pas celui du professeur). Ajoutons un suicide raté, un quiproquo sur le nom de Pierre Costa et le surgissement de la mère de Pierre (Anne Benoît), qui, visiblement, souffre d’un Alzheimer précoce. Source de scènes ici cocasses.

On le voit, la pièce part un peu dans tous les sens et se clôt d’une manière hasardeuse. C’est très bien mis en scène et interprété. Les comédiens rivalisent de finesse, de vivacité, de profondeur et l’on rit très souvent. Mais on demeure sur un sentiment d’inachèvement.

Trois femmes psychanalystes

On ne rit pas du même rire avec « Mme Klein » (2), du Britannique Nicholas Wright. Brigitte Jaques-Wajeman avait déjà monté cette pièce il y a vingt-cinq ans. Le dramaturge saisit Mélanie Klein (Marie-Armelle Deguy) en 1934, à Londres. Son fils s’est tué en montagne, en Autriche. Elle doit assister aux obsèques et confie son cabinet à Paula Heimann (Sarah Le Picard), jeune disciple qui doit corriger les épreuves d’un ouvrage.

Mme Klein a reçu une lettre de sa fille Melitta, mais ne l’a pas ouverte. Voici que surgit cette dernière (Clémentine Verdier), qui veut justement récupérer la lettre. La mère revient. Trois femmes psychanalystes et un huis-clos éprouvant dans lequel domine l’antagonisme, sinon la haine, qui oppose la mère et la fille et une question sur la mort du fils.

Wright s’est documenté. Il cherche parfois le rire dans une situation scabreuse, violente. C’est extrêmement bien interprété. Mais est-ce parce que l’on connaît déjà l’histoire, on écoute, on admire le travail des interprètes, mais on n’est pas passionné. Reste un travail remarquable et un dossier qui intéressera les spécialistes, même si eux aussi connaissent l’histoire.

(1) Théâtre Édouard VII, jusqu'en janvier, à 21 heures du mardi au samedi, en matinée samedi 17 heures, dimanche 15 h 30. Durée 1 h 30. Tél. 01.47.42.59.92, www.theatreedouard7.com
(2) Théâtre des Abbesses à 20 h 30, jusqu’au 20 octobre. Durée 2 heures. Tél. 01.42.74.22.77, www.theatredelaville-paris.com. Le 7 novembre à Montbéliard, le 1 er décembre à Fontainebleau, le 14 décembre à Brive, du 24 au 26 janvier à Béthune.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9611