On le connaît. Ses films passent et repassent à la télévision. « Quai des Orfèvres », 1947. « Drôle de drame », 1937. « Hôtel du Nord », 1938… On connaît la haute silhouette du héros double de « Copie conforme », 1947, ou l’homme déclassé des « Bas-Fonds », 1936. Tout le monde connaît le Dr Knock, qu’il créa d’abord au théâtre. On connaît également sa manière si particulière d’articuler, sa présence toujours vaguement inquiétante, et en tout cas impressionnante. Sa personnalité unique.
Mais que savait-on vraiment de lui avant de découvrir sa vie extraordinaire dans la biographie inédite publiée dans la collection très accessible de Folio ? Louis Jouvet n’est pas seulement un comédien exceptionnel, une figure du septième art comme des scènes, un homme de théâtre très entreprenant, très inventif, il est aussi de cette génération engagée dès 1914 dans la Grande Guerre.
Né à Crozon le 24 décembre 1887, il aurait dû, s’il s’était plié aux rêves familiaux, devenir pharmacien. Il étudie, passe brillamment ses diplômes et sert pendant la guerre. Mais le goût du jeu l’a saisi, et il se libère des espérances de son entourage pour devenir l’un des jeunes hommes de théâtre les plus importants des années 1920-1930 et au-delà.
Olivier Rony, universitaire, biographe de Jules Romains, éditeur de la correspondance Copeau-Jouvet, a mené une scrupuleuse enquête. Il écrit d’une manière fluide, tout en enrichissant son texte de pièces documentaires passionnantes. On a le sentiment d’une proximité troublante, mais sans indiscrétion gênante.
Quel homme ! Quel inventeur ! Architecte dans l’âme, il connaît tous les secrets des scènes. Jacques Copeau croit en lui, mais leurs relations passionnelles conduisent à une rupture, après l’aventure du Garrick de New York, où ces comédiens de langue française tiennent plusieurs saisons, à partir de 1917-1918…
Passé du Vieux-Colombier à la Comédie des Champs-Élysées, Jouvet mourra en août 1951, à 63 ans à peine, alors qu’il a fait de l’Athénée un des foyers les plus chaleureux de création. Entre-temps, il a été le professeur inoubliable du Conservatoire, celui que l’on retrouve dans « Entrée des artistes », en 1938, il a fait le tour de l’Amérique latine de 1941 à 1945, jouant Giraudoux, Claudel, Sartre, Genet et Molière, bien sûr. Toujours sur le pont.
Folio Biographies n°154, 416 p., 9,70€
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