Classique
On a souvent parlé ici de la légendaire Martha Argerich, pianiste rebelle, à la carrière décousue mais si riche, au pouvoir magnétique, au tempérament de feu et qui alimente toute une littérature dès qu’il est question de sa personnalité fantasque et de sa biographie succulente. Laissons les indiscrétions de côté et qu’il nous soit permis de raconter une anecdote. En juin 1968, alors que la France est paralysée par les grèves, la jeune Martha Argerich (née en 1941 à Buenos Aires), auréolée du Premier Prix au concours Chopin de Varsovie remporté en 1965, fait une tournée européenne de promotion de son premier enregistrement pour Deutsche Grammophon, une des récompenses du prix. Pour l’étape parisienne, c’est au prestigieux Théâtre des Champs-Élysées où, grève oblige, il n’y a ce 13 juin qu’une petite cinquantaine de personnes dans la salle. On nous fait tous descendre à l’orchestre pour le meubler au mieux. Ce concert est inoubliable. L’énergie, la fougue de cette interprète étaient proprement inouïs, tout autant que les couleurs de son jeu, à une époque où, à Paris, l’on n’entendait que peu de pianistes et tous très conventionnels. Par appréhension du public, la grande interprète a vite cessé l’épreuve du récital, se cantonnant à la musique de chambre et au concerto, dans lesquels elle excelle mais n’est pas exposée de la même manière.
Ce magnétisme on le retrouve rarement dans ses enregistrements de studio, tous excellents, mais pas autant que ceux réalisés en public. Deutsche Grammophon/Universal publie un inédit, à la suite de la disparition de Claudio Abbado, dont elle a été une interprète privilégiée, deux concertos pour piano de Mozart(les 20 et 25es) enregistrés au festival de Lucerne en 2013 avec l’Orchestre Mozart. La fusion est totale entre les deux musiciens, qui n’avaient pas joué ensemble depuis dix ans et donnent une des meilleures interprétations actuelles de ces œuvres.
Et comme un bonheur ne vient jamais seul, voici apparaître dans un circuit plus confidentiel, chez l’éditeur Doremi, un autre concerto de Mozart, le 21e, enregistré en public à Cologne en… 1960. Entre le chef Peter Maaget la pianiste surdouée, l’entente est moins fusionnelle qu’avec Abbado plus tard, mais les prises de risque, l’électricité qui passe entre les instrumentistes de l’Orchestre symphonique de Radio Cologne et l’incandescence de son jeu en font un document irremplaçable, d’autant que, sauf erreur, il s’agit du seul enregistrement de ce concerto dans sa discographie. Martha Argerich, qui venait de remporter les concours de Bolzano et de Genève, faisait alors une carrière en Allemagne,comme l’attestent les trois sonates de Mozart qui complètent ce CD, totalement électrisantes, enregistrées la même année à Munich et Cologne. Une aubaine que cet album de la série « Legendary Treasures ».
Pour ceux qui voudraient avoir un aperçu plus large de l’art de Martha Argerich, Warner publie une généreuse compilation en 3 CD, platement intitulée « Le piano roi », de ce qu’elle a enregistré pour le catalogue EMI. Cet éditeur l’a publiée tout au long de sa carrière, jusqu’à ses actuelles saisons au Martha Argerich Project Lugano, qu’elle dirige et où elle joue et fait jouer la meilleure musique de chambre qui se peut aujourd’hui. Musts de cette compilation : les concertos de Chopin, le Concerto, le Quintette et les « Scènes d’enfant » de Schumann et la Sonate n°3 de Chopin.
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