KEN LOACH est plus que jamais militant. Avec son complice habituel, Paul Laverty, il s’en prend, cette fois, aux sociétés qui profitent de la privatisation du métier de la guerre. Il est en effet question dans « Route Irish » des anciens soldats embauchés comme agents de sécurité à Bagdad et qui, assurés de l’impunité (par l’ordonnance 17, en vigueur jusqu’au début de 2009) n’ont aucun scrupule vis-à-vis de la population civile, surtout quand ils sont racistes, et sont encouragés par leurs employeurs à ne pas se préoccuper des bavures.
Le film s’interroge aussi, c’est même le cœur de son sujet, sur les effets en Grande-Bretagne de la participation à cette guerre que Loach qualifie d’« illégale », avec ces soldat qui gardent l’Irak dans la tête et le stress post-traumatique, qui met parfois plus de dix ans à se manifester.
La route Irish est celle, extrêmement dangereuse, qui relie l’aéroport de Bagdad à la « zone verte » sécurisée. En 2007, Fergus, qui a été membre des SAS, apprend que son ami d’enfance, Frankie, ancien para qu’il a convaincu de travailler avec lui en Irak comme mercenaire, a été tué sur cette route. Il rentre à Liverpool pour assister à l’enterrement et mener l’enquête sur les circonstances de sa mort.
Presque tout est violence et pourtant très peu de scènes se passent à Bagdad. Violence en paroles (il y a au moins trois « fuck » par phrase), violence en actes, qui frôle à une ou deux reprises la complaisance. La réalisation est solide et Mark Womack, acteur surtout connu pour ses rôles à la télévision britannique, très convaincant. Dommage que, sans doute emporté par son sujet, Ken Loach ait mis moins de sensibilité et plus de lourdeur démonstrative dans ce film que dans d’autres.
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