EST-CE en soi symbolique ? L’ouvrage juxtapose 36 chroniques publiées sur le site de François Bon, « le tiers livre » (www.tierslivre.net). Lui-même n’aime rien tant que les carnets et journaux, comme ceux de Kafka, par exemple. Dans la littérature traditionnelle, il décèle des empilements atypiques chez Balzac, qu’il connaît si bien, ou les détournements de texte dans les marges, tels les fameuses « paperolles » de Proust. Justement, les tablettes numériques pourront intégrer les structures les plus variées, les plus souples, favoriser l’écriture collective et sceller la fin de l’écrivain narcissique et solitaire.
Car le malin se tient entre les deux pièces, Janus ricanant qui sait tout le pathos d’anticipation nostalgique qu’exhale le vieux lecteur. « Le livre numérique n’a pas d’épaisseur ! », lui crie-t-on. Il ne connaît que trop ce que signifie prendre un livre en mains, faire défiler ses pages pour y repérer vaguement de complices marquages. « "Le Littré" en huit tomes, raconte-t-il, que j’avais acheté en 1980 chez Vrin, empestait la nicotine... à trente ans de distance, cette odeur est encore vaguement perceptible. »
On pourrait continuer longtemps, en évoquant le désarroi éprouvé lorsque, ayant perdu son vieux livre, on le rachète en poche, accablé par ce papier trop blanc, trop neuf, qui ne conserve aucune de nos coupables salissures.
Mais l’auteur se tient déjà au-delà, on comprend qu’il ne veut pas trop faire de peine, aussi son discours est-il moins simpliste qu’on pourrait le penser. Il ne se borne pas à dire que le livre électronique renverra la structure imprimée dans le néant, comme le codex a supplanté le rouleau naguère. La mutation sera plus énorme, car elle nous fera entrer dans un nouvel univers culturel.
C’est, dit François Bon, le site qui devient le chantier principal, le Web se transforme « en forêts textuelles où nous nous mêlons à la forêt des autres, greffons à nos arbres des boutures en partage ».
Bien, c’est pas tout ça. J’aimerai fort que quelque lecteur vienne m’aider à descendre à la cave ma caisse de vieilles « Pléiades ».
François Bon, « Après le livre », Seuil, 274 p., 18 euros.
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