NÉ EN 1961, Pierre Schœller, scénariste pour la télévision et le cinéma, a signé en 2008 un premier long métrage d’une grande force, « Versailles », avec Guillaume Depardieu, sur les exclus qui survivent tant mal que bien dans les bois tout près du château. Soit le premier volet d’une trilogie, qui se poursuit avec « l’Exercice de l’État », film « sur la figure du pouvoir, et aussi sur une certaine impuissance française du politique » et devrait s’achever avec un sujet sur la Terreur de 1793.
Il ne s’agit pas pour le cinéaste-scénariste de faire œuvre militante. Il réussit la gageure de mettre en scène ministres et gens de pouvoir sans que cela ait de l’importance de savoir s’ils sont de droite ou de gauche. Pour Schœller, il s’agit de montrer la pratique du pouvoir, qui, pour lui, « est d’abord une excitation, une tension toute physique, un démon, un diable au corps avant d’être une affaire de langage ». D’abord mais pas seulement, et il saisit bien la complexité et la subtilité des décisions à prendre, souvent très rapidement, sans avoir le temps d’en peser les conséquences.
C’est ainsi que l’histoire du ministre des Transports, réveillé en pleine nuit parce qu’un car scolaire a eu un accident dans la montagne – il doit s’y rendre toutes affaires cessantes – va à toute vitesse. Il n’a pas le temps de souffler, pas plus que son chef de cabinet, qui joue un rôle quasi aussi important, ou sa responsable de communication. Et le spectateur, lui, a d’autant moins le temps de s’ennuyer que, certaines de ces scènes, il les a vues au journal télévisé, sans en connaître, comme ils lui sont livrés ici, les arrière-plans.
Olivier Gourmet est le parfait interprète de ce rôle de composition, on sait quel excellent acteur il est. Michel Blanc est un chef de cabinet plus que crédible. Zabou Breitman, Laurent Stocker, Didier Bezace, Jacques Boudet ne sont pas seulement des faire-valoir.
En ces temps où les Français, paraît-il, se réconcilient avec la politique, « l’Exercice du pouvoir » apporte une nouvelle preuve, après « la Conquête » et « Pater », qu’elle est un excellent sujet de film et pas seulement de caricature. Comme le montre « les Marches du pouvoir », de George Clooney, qui sort également aujourd’hui.
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