« Encore une histoire d’amour », du Britannique Tom Kempinski, avait été créée en 1994, dans la traduction de Jean-Claude Grumberg que l’on réentend aujourd’hui. Gildas Bourdet l’avait mise en scène, dirigeant Jacques Frantz et Marianne Épin. Le metteur en scène Ladislas Chollat était alors adolescent et avait assisté à une représentation : elle décida de son avenir. Il devint l’assistant de Gildas Bourdet et, au fil de sa jeune carrière, croisa plusieurs fois Élodie Navarre, qu’il dirigea.
Des années plus tard, revoici « Encore une histoire d’amour ». Pourquoi donc cette fragile comédie sentimentale touche-t-elle ? Peut-être parce que l’écrivain du célèbre « Duo pour violon seul » s’y est projeté tout entier. Écrivain à succès, il traversait une période de doute, de découragement et tomba dans une grave dépression.
L’écrivain bougon et boulimique de la pièce, c’est lui. Le reclus qui n’agit plus, c’est lui. Thierry Godard lui prête sa densité, alourdie dans la première partie. La jeune artiste dont une jambe ne fonctionne pas, qu’incarne avec finesse et vérité Élodie Navarre, est celle qui va le sauver.
La pièce les imagine séparés par l’océan Atlantique à une époque où n’existent pas les portables et les courriels. Aujourd’hui, on peut imaginer qu’ils converseraient par Skype. C’est un peu le porte-à-faux de la représentation. Il faut se reporter quelques années en arrière.
Deux espaces, deux décors et des projections, au fond du plateau. Éléments de décor ou vues des villes où chacun vit. L’argument est simple. Elle veut jouer une de ses pièces. Il va lui en écrire une, après avoir beaucoup résisté, tout en étant séduit à distance. C’est tout… Presque tout, presque rien. C’est difficile pour les comédiens, car ils sont sur le même plateau, dialoguent, vont jusqu’à une familiarité certaine, mais ne sont pas censés se voir.
Enfin la jeune femme sautera dans un avion et ils seront en présence. L’ours est devenu un homme apparemment fréquentable, rasé de frais et bien habillé. Mais elle n’imagine pas tout de suite quelle est sa métamorphose. Elle est très exigeante, assez directe. Elle le bouscule. Elle le choque par sa manière d’appeler un chat un chat. Elle est handicapée, mais elle est plus forte que lui.
On le voit, l’argument est fragile. La traduction de Jean-Claude Grumberg est savoureuse. Tout tient à la finesse de l’interprétation, aux nuances. Ladislas Chollat est délicat dans sa direction de jeu et les deux comédiens sont parfaits. Touchants. N’en rajoutant jamais sur l’excès de sentiment. Ils sont rigoureux, précis, tenus et en même temps libres, personnels.
Studio des Champs-Élysées, du mardi au samedi, à 20 h 30, samedi à 16 heures. Durée : 1 h 30. Tél. 01.53.23.99.19, www.comediedeschampselysees.com.
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