LE QUOTIDIEN - Allez-vous reconduire, avec l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), que vous présidez, la stratégie des contrôles ciblés, qui avait été fructueuse lors du Tour 2008 ?
PIERRE BORDRY - L’an dernier, l’AFLD était seule maître d’uvre. Cette année, c’est l’UCI qui est compétente pour diriger les contrôles, en application de la loi française et du code international. Nous lui avons proposé notre collaboration à la condition de n’être pas de simples sous-traitants, mais aussi des partenaires. Elle a accepté. Nous allons donc organiser conjointement le ciblage, qui devient le choix prioritaire pour les contrôles, conformément aux directives de l’AMA. Chaque jour, jusqu’à un quart d’heure avant l’arrivée de l’étape, le directeur des contrôles de l’AFLD échangera avec le responsable de l’UCI les noms qu’il souhaite cibler pour l’étape. Notre accord stipule que ce ciblage sera opéré sur la base de toutes les informations dont l’UCI et l’agence peuvent disposer, passeport biologique et autres. La lutte contre le dopage sera aussi sérieuse et rigoureuse qu’en 2008.
Allez-vous cibler Armstrong ?
Je ne peux pas vous répondre par oui ou non. Il est un sportif comme les autres, sans immunité particulière. Il sera donc contrôlé comme les autres, comme il l’a été d’ailleurs déjà été au mois de mars dernier.
Lors de ce contrôle inopiné, Armstrong avait fait patienter le médecin préleveur pendant vingt minutes avant de lui ouvrir. Cela ne crée-t-il pas un précédent ?
Les règles interdisent que le prélevé soit éloigné du regard du préleveur. Mais le juge apprécie en fonction des éléments dont il dispose. Armstrong m’a adressé une lettre manuscrite pour s’expliquer sur les conditions de ce prélèvement en demandant l’indulgence, en me priant de ne pas rendre ce document public. J’ai présenté ces éléments au collège de l’Agence qui avait pouvoir de prononcer une suspension, mais qui, au vu de la lettre, a décidé de ne pas le sanctionner.
Quel jugement portez-vous sur Armstrong ?
Armstrong est sûrement un grand sportif, je n’ai aucun état d’âme à son sujet. Il sera traité comme les autres. Je trouve simplement très regrettable que, lorsque l’information est sortie, en 2005, selon laquelle Armstrong avait fait usage d’EPO en 1999, aucune procédure n’ait été alors engagée, ce qui lui aurait donné le droit de se défendre. Dans le pire des cas, il aurait été suspendu pendant une période de deux ans, mais son affaire serait aujourd’hui réglée. Armstrong était publiquement soupçonné, l’UCI estimait que le laboratoire n’avait pas fait correctement son travail, il fallait trancher. Mais l’attitude du ministre des Sports de l’époque n’a pas permis de le faire. Si bien qu’on ne peut même pas dire qu’Armstrong est soupçonné de dopage, qu’il est dopé, ou qu’il ne l’est pas.
Pourquoi n’a-t-il pas donné suite à votre proposition d’analyses rétroactives sur les échantillons B ?
Nous détenons au LNDD (Laboratoire national de détection de l’AFLD) les échantillons prélevés en 1999 ; je lui ai proposé de choisir un autre laboratoire, à condition qu’il soit compétent, de sélectionner, d’un commun accord avec nous, des experts afin de procéder à de nouvelles analyses. Il m’a répondu que ce n’était pas utile. J’ai agi pour lui rendre service. Il prétend qu’il n’est pas dopé ; je lui ai offert le moyen de restaurer son image.
Quelle conclusion tirez-vous de ce refus ?
No comment.
S’il n’est pas détecté positif au cours du Tour, cela lui donnera-t-il quitus ? Pourra-t-on dire qu’il est un « coureur propre » ?
Nous avons décidé avec Patt McQuaid, président de l’UCI, de garder les échantillons sur une période qui peut durer huit ans ; si des produits nouveaux sont décelables après l’arrivée du Tour, ou si des produits anciens sont décelables par des méthodes nouvelles, nous procéderons à des analyses rétroactives. Le suspense durera donc tant que nous détenons les échantillons et l’épée de Damoclès sera suspendue jusqu’en 2017.
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