C’EST DEVANT une salle d’invités représentant toutes les instances de la culture française et un nombre incroyable de comédiens, danseurs, musiciens de tous azimuts, qu’a été présenté « Pina (3D) », le magnifique et vibrant hommage en 3 D rendu par Wim Wenders à Pina Bausch. Le Théâtre de la Ville, c’était un peu la maison française de Pina Bausch, qui lui avait fait confiance dès ses débuts et avait montré, saison après saison, pendant plus de trente ans, toutes ses créations à un public toujours grandissant et fanatique. Hormis le Tanztheater de Wuppertal, dans la Ruhr, auquel appartenait sa compagnie, c’est là que Pina Bausch s’est sentie le plus à la maison, surtout lors des dernières années, quand son système consistait à s’installer en résidence dans une ville du monde afin de s’en imprégner pour réaliser chaque année une nouvelle création.
En préambule à la projection, Wim Wenders a expliqué comment ce film avait été projeté avant sa disparition mais a été réalisé sans elle. Il s’est fait surtout avec certains de ses danseurs, que le cinéaste a filmés tour à tour, leur laissant expliquer leurs souvenirs, leur rencontre avec la dame, qui, si elle pouvait être simple, était diablement intimidante, et ce qu’elle a changé dans leurs vies de danseur et d’être humain. Seul un artiste de la trempe de Wenders et un tel spécialiste du mouvement pouvait rivaliser a posteriori avec cette grande chorégraphe, en mettant en scène les danseurs dans des paysages urbains aussi improbables que le métro, un chantier ou la campagne pas toujours idyllique de la Ruhr.
La 3D s’est imposée à Wim Wenders comme le seul moyen possible de rendre le plus fidèlement la réalité dans l’espace de la danse. Comme au théâtre, où l’on n’a au parterre qu’une vision frontale de ce que l’on peut mieux voir dans les hauteurs. Les pièces montrées dans le film avaient étés proposées par Pina Bausch, à savoir « Café Muller », sa pièce culte, « le Sacre du Printemps », que le Ballet de l’Opéra de Paris a fait entrer à son répertoire, « Vollmond » et « Kontakthof ». Quelques documents d’archives la montrent au travail, mais si peu. C’est surtout l’ombre de la grande Pina qui plane sur le film et en fait autant un documentaire qu’un grand film expérimental et très émouvant.
Sortie nationale le 6 avril. Une exposition de photographies de Dona Wenders réalisées pendant le tournage est présentée actuellement dans le foyer du public du Théâtre de la Ville.
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