BARBARA, chirurgienne pédiatre qui travaillait au prestigieux hôpital de La Charité, à Berlin-Est, a été mutée dans une clinique de province, au bord de la Baltique, pour avoir voulu passer à l’Ouest – nous sommes en 1980. Elle est sous surveillance et l’apparatchik qui en est chargé ne la ménage pas. Quant au médecin-chef, ses questions semblent dépasser la simple politesse ou la sympathie pour une nouvelle collègue.
Christian Petzold, né à l’Ouest de parents qui avaient quitté la RDA, n’a pas voulu faire une nouvelle fois le procès de la Stasi et le portrait d’un pays fermé sur lui-même et sa grisaille – ce qui ne l’empêche pas d’en donner une image qui paraît très vraisemblable dans sa quotidienneté. Ce qui l’intéresse, c’est la relation entre ces deux êtres que séparent la méfiance et la pression politique mais qui ont en commun l’amour de la médecine, le désir d’aider leurs patients, quels qu’ils soient.
C’est ainsi que, dans l’intelligent scénario de Petzold, qui figure parmi les meilleurs cinéastes allemands du moment, les décisions à prendre pour deux adolescents en grande souffrance vont jouer un rôle certain dans l’évolution des événements.
Nina Hoss, qui a déjà tourné 4 films avec le cinéaste (dont « Yella », en 2007), incarne avec force et une certaine fragilité intime cette femme qui sait ce qu’elle veut mais n’est sans doute pas prête à tout sacrifier pour atteindre son but. Ronald Zehrfeld sait lui aussi jouer de l’émotion comme de l’ambiguïté. Tous deux ont suivi une formation pour être des médecins crédibles et ont tourné dans un vrai hôpital.
Christian Petzold a reçu au festival de Berlin un ours d’argent récompensant sa mise en scène. Un film à ne pas manquer, avant que les œuvres grand public et les sorties cannoises ne le chassent trop rapidement des salles.
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