Sur scène à Paris, « les Chaises » et « 1 h 22 avant la fin »

Quand Dieu et la Mort s’invitent

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Publié le 25/02/2022
Au Poche-Montparnasse, Stéphanie Tesson dirige Catherine Salviat et Jean-Paul Farré dans une version très colorée des « Chaises » de Ionesco. À La Scala, « 1 h 22 avant la fin » de Matthieu Delaporte, avec Éric Elmosnino, offre une réflexion fantaisiste et grinçante sur les fins dernières.
« 1 h 22 avant la fin »

« 1 h 22 avant la fin »
Crédit photo : PASCAL GÉLY/HANS LUCAS

* Mises en scène par Jacques Mauclair, Jean-Luc Boutté et Luc Bondy, entre autres, « les Chaises » sont un classique. C’est une pièce difficile, comme d’ailleurs toutes les œuvres d’Eugène Ionesco. Qui sont ces personnages, ce couple perclus d’ans mais encore véloce, qui est l’orateur ? Qui sont ces invités qui se succèdent ? De vieux enfants qui jouent et font semblent de recevoir des invités sur leur îlot battu de mer et de vent ? On nous a habitués à voir le couple de noir vêtu. Ici, les couleurs explosent dans les costumes imaginés par Corinne Rossi et Marguerite Danguy des Déserts, qui font penser à la Roumanie des origines de l’écrivain. Stéphanie Tesson joue avec les chaises rouges qui sont celles des spectateurs du Théâtre de Poche. Elle a, avec l’accord de Marie-France Ionesco, fille de l’Académicien, opéré des coupes, notamment après l’arrivée de l’orateur (Alejandro Guerrero ou Jade Breidi). Le spectacle est court, vif, on est happé. On rit beaucoup.

Catherine Salviat, merveilleuse interprète, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, est une Sémiramis à la fois soumise et rétive. Elle est nuancée dans les regards, les mimiques, les intonations. C’est elle qui trimballe les chaises avec une efficacité clownesque magistrale. Car ce que nous offre ce spectacle, c’est aussi cette clownerie qui palpite sous la surface sombre. À ce jeu, Jean-Paul Farré est un maître. Il a une intelligence profonde du texte, de sa gravité, et, en même temps, il jubile comme un enfant qui s’amuse. Un très grand interprète. (Poche-Montparnasse, du mardi au samedi à 21 heures et le dimanche à 15 heures, durée 1 h 15, theatredepoche-montparnasse.com)

* La fantaisie composée par Matthieu Delaporte, qu’il met en scène avec Alexandre de La Patellière, « 1 h 22 avant la fin », parle de désir de mort, de suicide, et d’une faucheuse, qui, sous les traits d’un Éric Elmosnino désinvolte et très inquiétant, rend visite à un Kyan Khojandi au bout du rouleau, mais qui va voir son ciel s’éclairer grâce à la voisine du dessus, la blonde Adèle Simphal. Pour une fin à embraser l’horizon… Il faut prendre ce macabre moment avec joie ! On rit du plus terrible ! (La Scala, du mardi au vendredi à 21 heures, samedi à 16 et 19 heures, durée 1 h 22, lascala-Paris.com)

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin