Il a donné à « Père », de Florian Zeller, une telle force que le spectacle a été joué à l’étranger par de très grands comédiens. L’auteur avait écrit pour Robert Hirsch cette histoire poignante d’homme qui perd la mémoire. Ce n’est pas en pensant à lui qu’il a composé « Avant de s’envoler ». Il ne s’agit pas d’une suite, même si le personnage se nomme aussi André et qu’il a deux filles. C’est une pièce brève qui joue, comme c’est très souvent le cas chez Florian Zeller, sur la confusion des temporalités et sur la collision du réel et de l’imaginaire, comme du passé et du présent.
Au Théâtre de l'Œuvre (1), qui rouvre après des travaux donnant à cette salle historique un cachet parfait, Ladislas Chollat a réuni une distribution excellente. Elle est pour beaucoup dans la réussite de ce spectacle, qui prend un soin étrange à installer un décor très réaliste pour cette pièce de facture onirique. Édouard Laug pour la scénographie, Jean-Daniel Vuillermoz pour les costumes nous plongent dans la maison d’un écrivain.
Qui d’autre que Robert Hirsch pourrait être ce vieil homme aux cheveux blancs, un peu raides, un peu longs, qui d’autre pourrait nous faire comprendre la souffrance, la lucidité de cet homme pris entre sa femme, la merveilleuse Isabelle Sadoyan, sobre et bouleversante, et ses deux filles, Anne Loiret et Léna Bréban, sensibles et idéales ? Qui d’autre pourrait jouer à la fois un vivant très vivant, un fantôme que personne ne voit, un mort peut-être ? Qui d’autre pourrait nous faire rire et nous faire pleurer ? Ajoutons un cynique agent immobilier, François Feroleto, et une proche d’autrefois, Claire Nadeau, ardente et aristocratique. La comédienne n’a pas l’âge d’avoir connu André autrefois, mais on est dans un registre d’irréalité, répétons-le. C’est vraiment l’interprétation parfaite de chacun qui fait le prix de cette soirée.
Seul en scène
A l’Athénée (2), c’est seul en scène et sans autre accessoire qu’une chaise, un châle écossais – quand il joue la mère de Ferdinand, son alter ego – et un grand drapeau rouge, que Philippe Caubère nous offre son « Bac 68 » et reprend « la Danse du diable », tandis que, salle Christian-Bérard, Clémence Massart, s’accompagnant à l’accordéon, nous conduit du côté des grands auteurs qu’elle aime dans le singulier et irrésistible spectacle qu’est « l’Asticot de Shakespeare ». Caubère est toujours aussi incroyable. Et attention, il n’improvise jamais, il connaît ses textes au rasoir. On rit énormément et, même si l’on connaît toutes ses aventures, on est subjugué.
Au Théâtre Hébertot (3), les dimanches et lundis, est repris « À tort et à raison », de Ronald Harwood, qui permet d’admirer l’art tenu et tendu, transparent et profond, de Michel Bouquet, qui incarne le grand chef d’orchestre allemand Wilhelm Fürtwangler, face à Francis Lombrail dans le rôle de l'officier américain brutal et peu cultivé qui instruit son procès. Une interprétation intériorisée, magistrale.
(1) Du mercredi au samedi, dimanche à 16 heures. Durée : 1 h 30. Jusqu’au 15 janvier. Tél. 01.44.53.88.88, www.theatredeloeuvre.com
(2) En alternance, « Le Bac 68 », 1 h 50, « La Danse du diable », 3 h 20 avec entracte, « L’Asticot de Shakespeare », 1 h 20. Jusqu’au 20 novembre. Tél. 01.53.05.19.19, www.athenee-theatre.com
(3) À 18 heures le dimanche, 20 h 30 le lundi. Durée : 1 h 45. Jusqu’au 2 janvier. Tél. 01.43.87.23.23, theatrehebertot.com
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