D’un côté, une comédie, « les Nœuds au mouchoir » (1). Une pièce de théâtre écrite par un comédien qui est également auteur, Denis Cherer. Il s’est inspiré de sa propre mère pour dessiner Augustine, personnage incarné par Anémone.
Les nœuds au mouchoir sont ceux que fait cette femme vieillissante atteinte par la maladie d’Alzheimer. Comme le souligne le dramaturge, Augustine n’en est qu’au début de l’évolution de la dégénérescence. Elle vit seule. Elle a découragé toutes les aides. Ses deux fils se relayent pour lui rendre visite, la soutenir, veiller sur elle. Deux frères qui ne s’entendent pas. L’un est banquier, très occupé, assez content de lui. C’est Denis Cherer qui endosse ce rôle, loin de lui ! Son propre frère, Pierre-Jean Cherer, est l’autre. Intermittent du spectacle, il est plus disponible, plus souvent présent auprès de sa mère.
Les frères Cherer ont commencé leur carrière il y a une trentaine d’années, ensemble. Ils s’entendent très bien, au contraire des deux frères de la pièce, qui s’évitent autant que possible. Une erreur sur le jour de visite les réunit. La pièce a déjà quelques années, elle a été exploitée en tournée et présentée cet été à Avignon. Elle est reprise dans la grande et belle salle du Palais des Glaces.
Une mise en scène vive d’Anne Bourgeois. Le public rit beaucoup devant les fantaisies de cette Augustine, à qui Anémone apporte sa présence touchante et sa sincérité. Elle ne s’en cache pas, elle vient de traverser une très sévère maladie. C’est une combattante et son caractère va bien au personnage de la mère. Denis Cherer, qui est depuis longtemps également auteur dramatique, et Pierre-Jean Cherer sont des comédiens sensibles et vifs qui entourent à la perfection Augustine. C’est grave et léger. On devine les spectateurs très bouleversés, car la situation concerne de plus en plus de monde.
Rescapés du ghetto
« Ceux qui restent » (2) est la mise en dialogue de deux témoins du ghetto de Varsovie. Les propos de Wlodka Blit-Robertson, qui vit aujourd’hui à Londres, et de Paul Felenbok, devenu astrophysicien en France, ont été recueillis séparément par l’écrivain David Lescot. Enfants, ils ont connu la guerre et leurs familles ont vécu un moment dans le même immeuble. Leurs chemins se sont séparés. Ils se souviennent. Leurs témoignages ont une force particulière car ils sont ceux d’enfants, dits par des adultes lucides et nobles.
La première de ce spectacle rigoureux et sobre avait eu lieu le 8 avril 2013, soixante-dix ans après l’insurrection du ghetto de Varsovie, au Monfort. Les deux comédiens, artistes remarquables, Marie Desgranges et Antoine Mathieu, sont simplement assis sur des chaises, face au public. Ils sont tour à tour celui qui pose des questions et celui qui parle. Ce premier jour, Wlodka Blit-Robertson et Paul Felenbok étaient présents et cela ajoutait bien sûr à la puissance profonde de « Ceux qui restent », mis en scène par David Lescot. Rien ne s’est émoussé de l’importance de ce moment et l’on écoute ces deux paroles, sans jamais en lâcher le fil. Le théâtre a ce pouvoir : rendre présent, faire que l’on n’oublie pas. C’est très fort et sans pathos.
(1) Palais des Glaces, jusqu’au 31 décembre. À 19 h 15 du mercredi au samedi, dimanche à 15 h 30. Durée 1 h 30. Tél. 01.42.02.27.17, www.palaisdesglaces.com
(2) Déjazet, jusqu’au 28 octobre, puis du 7 novembre au 9 décembre. À 19 heures du mardi au samedi. Durée 1 h 30. Tél. 01.48.87.52.55, www.dezajet.com
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