LE PROPRE des « réacs », c’est, soit qu’ils s’en défendent, soit qu’ils affirment que, de toute façon, le terme n’a rien de négatif. C’est le chemin choisi par ce pamphlet qui refuse de confondre ce mot avec celui de vieux conservateur, « même si la nostalgie n’est pas un sentiment qu’il s’interdit ». De fait, « réagir » à ce qu’on considère comme stupide et envahissant est bien une attitude franchement active.
Mieux, l’auteur se présente comme « néoréac », une catégorie dans laquelle il est en bonne compagnie. « Il peut être vu comme rejeton de la cohorte des antimodernes qui, de René de Chateaubriand à Charles Péguy en passant par Charles Baudelaire et Raymond Aron, ont eu le goût de la solitude et des causes perdues. »
Pour Ivan Rioufol, une pensée uniforme est en train de se répandre, jumelée à une déréliction de presque toutes nos institutions et nos valeurs. Le but est au moins, dit-il, de « faire dévier une trajectoire » mise en place par nos petits marquis, salonnards de la gauche, clercs de la pensée conforme, qu’il accuse de tous les pourrissements. Analysant, entre autres institutions, l’école, en particulier dans ces fameux quartiers « sensibles », l’auteur montre qu’elle ne sait plus quel savoir, quelles cultures, quelles langues transmettre. Un seul exemple contient presque tout.
Dans son programme 2010 d’éducation civique à destination des 5es, les Éditions Nathan ont placé en couverture du livre la devise « Égalité, diversité, solidarité ». Exit « Liberté, égalité, fraternité », l’ouvrage proposant des exercices à l’infini sur l’importance des différences, les discriminations, le foot face au racisme (!).
Ivan Rioufol montre que se met en place une racialisation des rapports sociaux, propagée à l’infini par les enseignants, les médias et nos modernes maîtres à penser. On ne cesse d’en appeler à la « visibilité » des minorités, on aggrave les replis identitaires, on témoigne d’un refus d’adhérer à la République.
Mettant en cause plusieurs associations, telles les Indigènes de la République, les Indivisibles ou le CRAN, l’auteur met en évidence le racisme implicite de l’antiracisme, et n’hésite pas à écrire : « Des Noirs et des Arabes déplorent de ne pas voir suffisamment de Noirs ou d’Arabes. Mais qui dénonce cette régression, dans une République dont la Constitution refuse dans son article Ier de distinguer entre les races et les religions ? »
Ennemi désigné.
Surfant sur cette idéologie de la diversité et de la victimisation, l’Islam joue un rôle important et feint de faire oublier sa radicalité fondamentale. C’est le piège de l’« allaïcité » (!), qui consiste à reprendre le refrain « Il ne faut pas stigmatiser les communautés », forgeant habilement le terme « islamophobie », qui permet de ressortir le délit de blasphème, comme si une religion était une race ou une idéologie.
La leçon est claire, la République française est Une, elle implique un Contrat social et ne peut se soumettre aux minorités ethniques, religieuses ou sexuelles. Mais l’ennemi est clairement désigné : « Une épreuve de force est engagée avec l’Islam politique, s’il persiste à ne pas accepter les règles de la neutralité et de l’égalitarisme républicain. »
Pris dans les remous de certains débats récents, on laissera le lecteur décider de la pertinence de ces analyses. Faible par son côté répétitif et un versant un peu poujadiste (« Les automobilistes devenus des délinquants commodes à matraquer », p. 22), ce livre, dont on attendait plus d’humour, a sa solidité, être « réac » n’est pas que négativité mais porte le fer dans certaines plaies contemporaines.
Ivan Rioufol, « De l’urgence d’être réactionnaire », Puf, « Perspectives critiques », 184 p., 18 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série