C’ÉTAIT au début des années 1970, quand la critique écrite avait encore quelque influence. « Le Quotidien » avait dit le plus grand mal de « la Décade prodigieuse ». Chabrol avait immédiatement envoyé un chèque représentant le prix de la place, accompagné d’un gentil mot. « Je n’ai aucun esprit de sérieux, c’est terrible », disait le cinéaste, dans une comparaison avec son camarade de la Nouvelle Vague – « J’ai moins transformé la face du cinéma mondial que Godard ».
Fils de pharmacien, licencié en lettres et en droit, il ne reprendra pas l’officine de ses parents, ayant quadruplé la première année de pharmacie et choisi le cinéma, dont la passion n’allait pas le quitter, comme critique d’abord, notamment aux « Cahiers du cinéma », puis comme réalisateur, ainsi que producteur, acteur (récemment dans « Gainsbourg, une vie héroïque »), dialoguiste.
La Nouvelle Vague, il n’aura pas peu contribué à la lancer, avec « le Beau Serge » et « les Cousins » en 1959, mais sans s’en vouloir théoricien ou prosélyte – on a pu d’ailleurs lui reprocher un trop grand classicisme de certains de ses films. De même, s’il fut le cinéaste de la bourgeoisie, dont il se régalait de dévoiler les hypocrisies et les travers – « De toutes les ethnies, la bourgeoisie est la plus marrante », avait-il lancé un jour –, il n’en faisait pas un fond de commerce. Ce qu’il aimait, c’était dévoiler la cruauté, voire la monstruosité derrière les apparences lisses : « À partir d’une certaine monstruosité, les gens préfèrent ne pas penser que c’est possible, c’est là que mon travail commence.» Et le polar lui semblait le genre le plus approprié pour ce faire: « Un mauvais polar vaut toujours mieux qu’un autre mauvais film. Normal, parce qu’il touche à des questions graves, la vie, la mort, le bien, le mal, mais sans aucune prétention. »
On retiendra, parmi les films les plus chabroliens – tous les cinéastes ne font pas naître un adjectif –, « Que la bête meure », « le Boucher », avec Stéphane Audran, sa deuxième femme, au générique d’une vingtaine de ses titres –, « Violette Nozière » et « la Cérémonie », avec Isabelle Huppert, l’interprète fétiche de sa deuxième partie de carrière, pour qui il préparait une adaptation du roman de Simenon « l’Escalier de fer ».
Et l’on n’oubliera pas de rendre hommage à son amour de la bonne chère. Si les repas avaient tant d’importance dans ses films, c’est que « beaucoup d’aveux se font à table », qu’« on ne ment pas la bouche pleine »*. Et pour lui, « manger et travailler bien, c’était la même chose ».
* Libération.fr, 26 novembre 2009.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série