APRÈS UNE BIOGRAPHIE d’« Albert Einstein », qui se lit comme un roman, et le roman des « Derniers jours de Stefan Zweig », Laurent Seksik joue la carte de l’Amérique. Plus précisément de l’Amérique profonde, avec les plaines arides qui entourent la petite ville de Rolder, près de Phoenix.
Il nous fait entrer dans le quotidien de la famille Hatford, où règne le père, qui a « abandonné sur les champs de bataille (l’Europe et la Corée) un morceau de sa cuisse et sans doute la plus grande partie de son âme ». Inactif, alcoolique, risée des gamins du quartier, il bat sa femme et corrige son fils à coups de ceinture.
Scott est un adolescent renfermé qui cherche en vain à conquérir l’affection, ou du moins l’attention, de son père. Il vit dans l’adoration de Mam – « la bonté incarnée », elle pardonne toujours à son mari – et la foi en Dieu qu’elle lui a inculqué. Ses seuls moments de bonheur sont les instants volés qu’il passe avec sa mère, infirmière de nuit au Memorial Hospital, sur le bord de la route 17, devant l’arrêt de l’autocar qu’il prendra vingt minutes plus tard pour aller au collège. Il accepte de plus en plus difficilement la violence de son père, jusqu’à le tenir en joug avec le fusil. Mais un fils peut-il se dresser contre son père ?
Un roman de la rédemption.
C’est finalement la mère, et le destin (?) qui répondront à cette question. Après un drame terrible, on assiste en effet dans une seconde partie à un renversement des forces, qui font de « la Légende des fils », de façon pour le moins inattendue, un roman du pardon et de la rédemption. On adhère ou pas !
Les nostalgiques des sixties apprécieront, eux, les nombreuses allusions à cette époque où les États-Unis étaient sous la menace des missiles nucléaires soviétiques pointés depuis Cuba et où John Fitzgerald Kennedy portait tous les espoirs. Entre les films à l’affiche et leurs acteurs, le juke-box qui déverse Elvis, le rêve de marcher sur la lune, des extraits du discours de JFK, les derniers modèles des Chevrolet ou Buick, la serveuse en uniforme aux boutons fermés et néanmoins délurée..., Laurent Seksik soigne le décor. On s’y croirait.
Flammarion, 189 p., 17 euros.
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