François de Brauer a écrit et joue, seul en scène, avec pour tout partenaire trois chaises dispersées sur la scène, une veste rouge à parements et un peu de lumière. Il s’agit d’un très étrange récit. « La Loi des prodiges » (1), sous-titrée « La Réforme Goutard », le conduit à incarner une bonne vingtaine de personnages, très différents.
On pense un peu à Philippe Caubère, évidemment. François de Brauer est un interprète depuis longtemps repéré : Conservatoire, spectacles de troupes, il est très vif, mobile, sensible, profond. On retrouve ces qualités dans sa manière d’écrire, son imagination. Et s'y ajoute beaucoup d’humour. Son spectacle a mûri sur plusieurs années et il est ces temps-ci au Petit Saint-Martin après une longue exploitation. La manière de passer d’un personnage à l’autre est fluide, extraordinaire.
Le fond est une fable à irisations politiques, morales, qui se noue autour d’un député ennemi des choses de l’art. C’est toute notre société qui y passe… N’en disons pas plus : il faut voir et applaudir François de Brauer. Son engagement, sa maîtrise, ce qu’il y a d’acrobate en lui. Et sa lucidité intellectuelle.
Un texte provocateur
Autre style pour « Laïka » (2), de l’écrivain italien Ascanio Celestini, qui signe également la mise en scène. Laïka est cette petite chienne envoyée dans l’espace par les Russes en 1957. Il est question d’elle, mais le propos est bien plus large, et comme chez de Brauer, c’est toute notre société qui est scrutée.
Un décor avec un petit rideau rouge, quelques lampes blanches. Lorsque le narrateur, David Murgia, écarte le rideau, on découvre un accordéoniste, installé au milieu de caisses de plastique de couleurs vives. C’est Maurice Blanchy. Il est Pierre, colocataire du narrateur. Il joue des compositions musicales de Gianluca Casadei. Une voix féminine, celle de Yolande Moreau, intervient de temps en temps, la voix de l’accordéoniste, car Pierre est muet.
Pour l’essentiel, David Murgia est seul en scène, manteau sur un pantalon et une chemise noirs. C’est un homme qui parle. Un pauvre. Un isolé. Mais qui voit tout du monde autour de lui, le raconte et nous donne à réfléchir. Le texte est très tonique, audacieux, provocateur. Il touche. Le comédien est formidable. Un moment exceptionnel qui secoue, fait rire, émeut, donne à penser. Sans plainte. Avec une autorité puissante. À voir absolument.
(1) Petit Saint-Martin, jusqu'à la fin de l'année. Le dimanche à 18 heures, le lundi à 20 heures. Durée 1 h 30. Tél. 01.42.08.00.32, www.petitstmartin.com (2) Rond-Point, jusqu'au 10 novembre. À 21 heures du mardi au samedi, dimanche à 15 h 30. Durée 1 h 30. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
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