Leur dramaturgie impeccable, la force de leurs personnages et la qualité littéraire des pièces de Shakespeare font un substrat idéal pour l’opéra comme pour le ballet. « Le Conte d’hiver » (« Winter’s Tale ») ne fait pas exception, qui mêle avec une science quasi alchimique tragédie, comédie, pastorale et romance, joue avec temps et espace et se joue de la vraisemblance. « The Winter’s Tale is yin and yang », selon Christopher Wheeldon, qui a signé la chorégraphie d’« Un Americain à Paris » au Châtelet, nommée douze fois aux Tony Awards. Il lui a inspiré en 2013, quinze ans après « Polyphonia », son premier succès, et dans la foulée de son « Alice’s Adventures in Wonderland », créé par le Royal Ballet en 2011, une autre réussite incontestable. Pour la création mondiale à Londres de « Winter’s Tale », qui n’avait inspiré auparavant aucun chorégraphe, Wheeldon a fait appel à la même équipe : Joby Talbot pour la musique et Bob Crowley pour la partie décorative.
Esthétiquement c’est un ravissement, avec de magnifiques décors et costumes et des astuces très réussies pour la mise en scène, complexe avec ses différents lieux (Sicile, Bohème et la mer surtout, omniprésente) qui se succèdent rapidement. La chorégraphie de Wheeldon, à qui on pourrait parfois reprocher un peu de monotonie dans le vocabulaire, est très efficace, toujours juste et particulièrement claire et explicative pour cette pièce aux nombreux personnages et à l’intrigue assez embrouillée. La construction du ballet emprunte la forme très classique qui intercale entre deux actes particulièrement denses, ici tragiques, un acte plus léger beaucoup plus voué à la danse pure. Les danseurs des rôles principaux sont magnifiques de sobriété et d’intensité La musique de Joby Talbot, à qui rend justice l’Orchestra of the Royal Opera House dirigé par Peter Manning, est d’une constante invention, utilisant une très riche instrumentation, et va toujours dans le sens de la danse. Cette superbe chorégraphie, coproduite avec The National Ballet of Canada, a, grâce au cinéma, été diffusée dans le monde entier (1 DVD ou Blu-Ray disc Opus Arte).
L’ambition d’André Tchaikowsky
Pianiste, mais surtout compositeur, André Tchaikowsky (1935-1982), Polonais en exil à Londres, a porté toute sa vie le son projet d’opéra sur « le Marchand de Venise », qu’il a achevé in extremis et dont la création posthume eut lieu au Festival de Bregenz en 2013. Pour cette œuvre ambitieuse et de grande envergure, André Tchaikowsky semble inspiré par ses grands aînés du XXe siècle, notamment Alban Berg pour la ligne vocale directe et efficace et l’orchestration très riche et complexe. Le livret de John O’Brien est très fidèle à Shakespeare et la mise en scène de Keith Warner pour Bregenz très classique et efficace, dans un décor de Ashley Martin-Davis qui évoque plus le monde de la finance londonienne que Venise. La distribution est magnifique, avec l’excellent Adrian Eröd dans le rôle de Shylock et Kathryn Lewek dans celui de sa fille Jessica. Les Wiener Symphoniker, dirigés par Erik Nielsen, portent à l’incandescence cette riche partition. L’opéra, coproduit avec le Théâtre lyrique de Varsovie, devrait être appelé à une longue carrière (1 DVD ou Blu-Ray disc EuroArts/Unitel).
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