Un espace ingrat qui ressemble à un coin de parking ou d’immeuble non terminé. Murs de béton gris, passages qui donnent on ne sait où et, au-dessus, une ouverture par où pleut la lumière. Une jeune femme, fine et souple, pantalon et chemise d’un vert qui change un peu selon les lumières. Vert-de-gris. Un visage très fin, un sombre regard. Une voix magnifiquement placée, timbre superbe, dont elle fait ce qu’elle veut.
C’est Rachida Brakni, belle, ardente et rigoureuse, dans un texte difficile de l’Italien Stefano Massini, auteur de « la Saga des Lehmann Brothers » et de nombreuses autres pièces. Ici, il s’agit de trois voix différentes incarnées par une seule interprète. Traduit par Federica Martucci et Olivier Favier, ce texte s’intitule en fait « O-dieux ». Au théâtre « Je crois en un seul dieu » (1). Il lie trois voix, celles d’une jeune Palestinienne, d’une universitaire juive et d’une soldate américaine, que le destin fait se croiser dans un bar de Tel Aviv.
La mise en scène d’Arnaud Meunier gomme volontairement les passages d’une voix à l’autre et demande à l’interprète une unité, quelque chose de lisse qui exige une écoute très tendue. Une performance remarquable de la part d’une comédienne audacieuse. Mais c’est un peu long, un peu éprouvant.
Une paire d’escarpins rouges au sol, une chaise, un petit meuble, une carafe d’eau, un verre, cela suffit à Muriel Gaudin, mise en scène par l’auteur, Pierre Notte, pour animer magnifiquement « l’Histoire d’une femme » (2). C’est féroce et touchant, vif, drôle, tout en ruptures, c’est inattendu, mal élevé, émouvant et cocasse. Muriel Gaudin, pieds nus, pantalon noir, bras nus, est ce personnage combattant que rien ne saurait abattre. Un bijou.
Chef-d'œuvre
Dès la première syllabe, dès le premier son, on est saisi. Debout dans un cercle, comme un cratère de sable et de terre, un peu d’eau au centre, Jean-Quentin Châtelain dit, sous la direction discrète et ferme d’Ulysse Di Gregorio, « Une saison en enfer » (3) d’Arthur Rimbaud. Ah ! Ce fleuve impétueux, cette grandeur prophétique, ce chef-d’œuvre ! Que dire ! C’est unique. Comme la voix de l’hypersensible Jean-Quentin Châtelain et le grain si particulier de sa voix. La présence d’un être d’une exceptionnelle sensibilité à la poésie, aux personnages. Un sommet de musique et de mots, un moment d’une intensité et d’une profondeur dont on sort comme lavé de tous les miasmes du quotidien. Exceptionnel.
(1) Rond-Point (salle Jean-Tardieu), jusqu’au 9 avril. Durée 1 h 45. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
(2) Poche-Montparnasse, jusqu'au 7 mai. Durée 1 h 10. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com
(3) Lucernaire, jusqu'au 6 mai. Durée 1 h 15. Tél. 01.45.44.57.34, www.lucernaire.fr
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