Un cauchemar adouci par la farce

Le spectacle a été monté pour les Bouffes-du-Nord. Il s’installe à Paris après une longue tournée. Clément Hervieu-Léger, de la Comédie-Française, a la chance d’avoir pu monter la version « comédie-ballet » de la pièce. Une dizaine de musiciens des Arts Florissants sont en scène et intégrés à l’action. Ils jouent. Derrière son beau clavecin, l’excellent Paolo Zanzu les dirige. William Christie, qui a conçu la part de la musique dans ce spectacle, sera bientôt là à son tour.

C’est une forme légère, avec décors maniables, atmosphère années 1950, costumes simples et orchestre sur le plateau. Un modèle de production soignée et non follement dispendieuse. Mais évidemment on perd le faste baroque et la danse.

Clément Hervieu-Léger ne semble pas vouloir entendre la noirceur terrible de la pièce. C’est pourtant un cauchemar épouvantable que traverse Monsieur de Pourceaugnac. Petit aristocrate de Limoges, il est « monté » à Paris pour épouser une jeune fille. Ce mariage arrangé par son père n’est pas du goût de la belle, qui organise la réplique grâce à un ami de l’élu de son cœur.

Lorsque la pièce est mise en scène, elle est plutôt montrée dans sa noirceur terrible. Clément Hervieu-Léger a préféré en faire une farce, avec des apparitions savoureuses et beaucoup de personnages à accent. Mais il doit faire attention : il organise le spectacle comme une suite de numéros et, pour certains, les accents sont si prononcés que l’on ne comprend rien. Les chanteurs et les musiciens, eux, sont parfaits. On les entend, on les comprend. Il y a de la vivacité. Les scènes s’enchaînent bien.

Au cœur de ce tourbillon, Gilles Privat est un Pourceaugnac bouleversant, perdu, sincère, terrorisé par les méchants coups organisés contre lui. Une grande interprétation.

Bouffes-du-Nord, du mardi au samedi à 20 h 30, matinées le samedi à 15 h 30. Durée 1 h 50. Jusqu’au 9 juillet. Tél. 01.46.07.34.50, www.bouffesdunord.com