Un choix de soirées heureuses

* Vingt ans. Vingt ans après, Emmanuel Demarcy-Mota reprend la mise en scène de « Six personnages en quête d’auteur », de Luigi Pirandello. Un chef-d’œuvre toujours étonnant, cent ans après sa création, et un spectacle particulièrement réussi qui a connu un remarquable destin en deux décennies, de New York à Singapour, de Genève à Amsterdam, de Moscou à San Francisco. Une scénographie et des lumières envoûtantes, des interprètes excellents qui, pour certains, étaient là il y a vingt ans, notamment Hugues Quester et Alain Libolt, d’autres qui ont trouvé leur place au fur et à mesure du temps, tel Philippe Demarle. Au cœur du jeu, Valérie Dashwood est la flamboyante belle-fille. Deux heures magistrales à savourer à l’Espace Cardin jusqu’au 13 juin (theatredelaville-paris.com).

* Pendant ce temps, à l’Artistic Théâtre, Anne-Marie Lazarini dirige trois comédiens qui savent chanter, danser, dans une salle transformée en cabaret. Cédric Colas, Coco Felgeirolles, Frédérique Lazarini se partagent avec bonheur les Chroniques de Françoise Sagan. Des textes choisis, de 1954, date de « Bonjour tristesse », à 2003, juste avant sa mort. On y retrouve l’alacrité et la fantaisie de celle que Mauriac nomma un « charmant petit monstre ». La joueuse et la jeune femme ivre de vitesse comme celle qui partage, dans son admiration pour Racine et Proust, un sentiment tragique de la vie. L’écrivain n’oublie jamais l’ironie, qu’elle exerce finement, même contre elle-même. Jusqu’en juillet au moins (artistictheatre.com).

* À la Comédie Italienne, Attilio Maggiulli retrouve sa belle énergie et son esprit pour proposer « la Valse du Guépard », une très originale analyse du monde de Tomasi Lampedusa, à la lumière du « Livre du Courtisan » de Balthazar Castiglione. La voix off de Jean-Jacques Pivert nous conduit jusqu’aux catacombes de Palerme. Jean-Louis Zentelin est un gardien silencieux, tandis que Vincent Morisse, fin et aigu, mène le jeu entre deux femmes rivales, Valentina Vandelli, Angelica, et Hélène Lestrade, interprète exceptionnelle de Concetta, fiancée délaissée de Tancrède, que Visconti négligea aussi. Un spectacle baroque, singulier et charmeur, comme seul Attilio Maggiulli peut en inventer. À déguster tout l’été (comedie-italienne.fr).