C’est à chaque fois la même chose : on se dit « Douze hommes en colère ? Encore ! » Et puis, chaque fois, on est pris. La pièce vous happe. Elle a une efficacité certaine, elle est humaine, très bien menée, et elle ne vieillit pas.
Créée en 1953 à New York, la pièce de Reginald Rose a, on le sait, été l’objet d’un film saisissant de Sydney Lumet et elle a été souvent montée en France. Pour cette production nouvelle, dans le théâtre qu’il dirige, Francis Lombrail signe une adaptation tendue et très puissante.
On le sait, il s’agit de la délibération de douze jurés, hommes, qui viennent d’assister aux débats et qui doivent décider du sort d’un tout jeune homme accusé d’avoir assassiné son père. Les preuves semblent accablantes. Il fait une chaleur d’enfer dans la petite salle où ils sont relégués pour décider de la condamnation à mort ou non de l’accusé. Ils ont des occupations. Ils sont pressés d’en finir. Ont-ils vraiment écouté ? Onze le disent coupable. Un, un seul s’oppose. Il est architecte. Il a très bien écouté les témoins, analysé chaque détail. Il a des doutes.
Une heure et quart durant, chacun va prendre la parole. Les uns et les autres vont s’opposer, parfois violemment. Dans leurs costumes élégants d’Américains urbains et au travail (Cidalia De Costa), les vraies natures profondes vont se révéler. Les cultures différentes, les habitudes. Rien de caricatural.
Le spectacle se donne à 19 heures, avant « les Jumeaux vénitiens » (« le Quotidien » du 28 septembre). Pas de décor démesuré. Un banc tout en longueur, une fenêtre au-dessus (pour l’orage qui va éclater) et un espace de jeu à l’avant-scène. C’est parfait (Vincent Tordjman). Une Chorus Line d’un genre particulier…
Mais la réussite, ici, tient à la fois à la direction stricte de Charles Tordjman et à la qualité de chacun des douze. Ils sont parfaitement distribués, excellents interprètes qui savent à la fois être unis et offrir à chacun des personnages une forte personnalité. Citons-les par ordre des numéros : Pierre-Alain Leleu, Jeoffrey Bourdeney, les plus jeunes, Francis Lombrail, qui a le rôle du féroce et violent n°3, Philippe Crubézy, Antoine Courtray, Adel Djemaï, Christian Drillaud, l’égoïste n°7, Bruno Wolkowitch, n°8, celui qui lutte, Claude Guedj, sage et noble, Roch Leibovici, cruel et cynique, Olivier Cruveiller, très humain, Pascal Ternisien, tous sont vraiment parfaits et font que l’on adhère à la situation et à ses retournements. Chacun mériterait analyse : le travail est fin.
Bref, un très bon spectacle, qui s’adresse à toutes les générations.
Théâtre Hébertot, à 19 heures du mardi au dimanche. Durée : 1 h 15. Jusqu’à la fin de l’année. Tél. 01.43.87.23.23, www.theatrehebertot.com
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