DANS SON PREMIER documentaire, « Roger et moi », pour lequel il avait vendu sa maison, en 1989, Moore dénonçait les restructurations décidées par le patron de General Motors, qui conduisirent à la fermeture des usines de Flint, où son père travaillait. Ce fut la fin de l’âge d’or des années de son enfance. Une époque où, à l’en croire, tout allait pour le mieux : l’usine prospérait, les syndicats étaient puissants et le pouvoir d’achat des ouvriers augmentait. Puis, raconte-t-il, vint le temps où les grandes entreprises et les banques prirent le pouvoir par hommes politiques interposés. Il y voit les racines de la crise actuelle que vivent les États-Unis où, toutes les sept secondes et demie, une famille est expulsée de sa maison.
Il faut bien connaître l’histoire politique et économique américaine des dernières décennies pour juger de la justesse ou non du raisonnement. Le cinéaste de « Fahrenheit 9/11 », palme d’or en 2004, a l’art des raccourcis, mais c’est aussi sa faiblesse, et ce n’est pas parce qu’on a envie d’adhérer totalement à son plaidoyer qu’il ne pêche pas, par moments, par manque de rigueur.
L’émotion est toujours au rendez-vous : familles à la rue ou forcées de vivre dans un camion, veuve en larme sachant que la firme qui employait son mari a gagné beaucoup d’argent grâce à sa mort, chômeuse qui lit en vain les petites annonces, pilotes sous-payés qui doivent prendre un deuxième emploi pour survivre, etc. On rit aussi, quand le cinéaste se présente avec un camion blindé devant les banques pour récupérer l’argent que leur a prêté l’État, donc les citoyens, ou lorsqu’il tente d’interroger les traders (l’élite intellectuelle d’aujourd’hui, explique-t-il, alors que celle d’hier comportait un Jonas Salk, qui n’a pas fait breveter le vaccin polio). Et l’on applaudit ses apparentements terribles, comme le commentaire et des extraits d’un film sur la chute de l’empire romain et des images de l’administration Bush.
Sauf que l’ironie, cette fois, est empreinte d’un certain découragement. Michael Moore l’avoue, à la fin, il est las de se battre seul et espère – son ton suggère qu’il n’y croit pas – que des spectateurs de son film vont rejoindre le combat. Le capitalisme tel que le pratiquent les plus riches des Américains, il le démontre par son film, n’est pas près d’être ébranlé.
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