Un conte pour grands enfants

Il y a du conte dans l’histoire qu’a choisi de raconter, d’écrire, de mettre en scène Jean-Philippe Daguerre. Un conte, c’est-à-dire qu’il demande au public d’adhérer complètement à un argument peu vraisemblable. Mais il a raison, puisqu’« Adieu Monsieur Haffmann » est l’un des très grands succès de la saison et que le public fait un triomphe aux interprètes.

On est en 1942 à Paris. Juif, Monsieur Haffmann, bijoutier, a pu faire partir sa femme et ses deux enfants. Mais lui risque alors beaucoup. On est à l’heure de l’étoile jaune et des spoliations. Il propose à son employé, un tailleur de pierre très doué, de prendre la direction de la boutique et de le cacher, lui, dans la cave. Pierre Vigneau est d'accord, mais offre un très étrange contrat à son patron, qui accepte. N’en parlons pas. On vous laisse le découvrir.

Les comédiens sont tous d’une sincérité profonde, et c’est ce qui fait une partie du succès de cette pièce qui se présente comme une comédie. Metteur en scène de son propre texte, Jean-Philippe Daguerre insiste sur les moments qui peuvent être drôles, cocasses, grinçants. Il faut l’accepter.

Les interprètes donnent une belle épaisseur aux personnages. Grégori Baquet a longtemps joué Pierre Vigneau. Il incarne aujourd’hui Hamlet au Théâtre 14. Les comédiens jouent en alternance et vous applaudirez donc Charles Lelaure, Alexandre Bonstein, Monsieur Haffmann, Julie Cavanna, l’épouse, Charlotte Matzneff ou Salomé Villiers, la femme de l’ambassadeur d’Allemagne, et certains soirs, Jean-Philippe Daguerre lui-même dans la partition d’Otto Abetz ou Franck Desmedt.

Répétons-le, il faut se faire un cœur candide pour accepter l’argument et son développement. Mais le jeu des interprètes balaie toutes les réticences et le public rit et est ému.

Petit-Montparnasse, jusqu'à l'été. À 21 heures du mardi au samedi et le dimanche à 15 heures. Durée 1 h 40. Tél. 01.43.22.77.74, www.theatremontparnasse.com