Dans toute la complexité du monde occidental revient une thèse obsédante et totalement inexpliquée. Celle selon laquelle, pour faire un homme, une seule matière ne suffit pas, il en faut au moins deux. Cette thèse porte un nom, c'est l'humanocentrisme dualiste. Elle voit en l'homme un être supérieur et surtout dont la composition est double : l'homo sapiens serait le seul être vivant constitué d'un corps biologique et d'un esprit immatériel non biologique.
Cette conception dualiste de l'homme, que nous n'interrogeons jamais, est en fait totalement abstraite et improuvée. Elle tient pour évident que nous sommes composés de deux essences, l'une matérielle, l'autre immatérielle.
Faut-il y insister ? Dans le monde occidental, cette thèse se retrouve dans les religions du Livre, avec par ordre d'apparition le judaïsme (600 ans avant Jésus Christ), le christianisme (An 0) et la religion musulmane (550 après Jésus Christ). Trois fois qui règnent sur les esprits d'environ 4 milliards de personnes !
Non seulement ce dualisme est tenu pour une évidence aveuglante, mais se traduit concrètement par le fait que l'âme régente le corps, lui impose de dures règles de conduite, lui promet à la fois la Béatitude et les tourments de l'Enfer, en fonction de son comportement.
On le sait, dès que nous venons sur le terrain de la discussion et des arguments, tout devient en fait impossible, ou, comme le dit Pier Vincenzo Piazza, « comment discuter les fondements du dualisme humanocentriste, puisqu'ils ne sont pas basés sur des observations mais sur des croyances ». Dire à un croyant que personne n'a jamais pu montrer que l'âme, Dieu, le paradis ou l'enfer existent n'a aucun effet, puisque le croyant est touché par une grâce divine, un « acte de foi » que lui seul peut ressentir.
Réconciliation
Les récentes recherches en neurobiologie, que l'auteur examine pour mieux comprendre les aspirations et les excès de l'homme d'aujourd'hui et dont il donne de nombreux exemples, devraient pourtant avoir fait justice de cette légende de l'esprit. Des comportements de base comme la motricité ou la faim sont bien expliqués par l'existence de protéines. Dans les années 1950, la pharmacopsychologie a pu montrer que des maladies mentales considérées comme incurables pouvaient être soignées par des molécules chimiques. Il est vrai que la psychiatrie lacanienne, avec son effarant verbiage, a longtemps régné dans ces domaines…
C'est avec beaucoup de clarté que Pier Vincenzo Piazza établit que « la biologie du XXIe siècle réconcilie l'esprit et la matière. Elle ne nie pas l'esprit mais simplement le matérialise. » Il admet toutefois que nos expériences de vie, nos rencontres, le contexte social façonnent aussi ce que nous sommes, tout autant que notre patrimoine génétique.
Une nouvelle approche est possible, qui ne réduit plus l'esprit à la matière mais qui utilise la matière pour expliquer l'esprit, pour nous expliquer, résume fort bien notre auteur.
Pier-Vincenzo Piazza, « Homo Biologicus - Comment la biologie explique la nature humaine », Albin Michel, 416 p., 22,90 €
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