L’AMOUR n’est pas automatique dans une famille, qui pourrait l’ignorer, même si l’on préfère garder ses illusions ? Pour son troisième long métrage, l’Écossaise Lynne Ramsay, qui adapte un roman de Lionel Shriver*, évoque le dysfonctionnement d’un couple mère-fils, jusqu’au drame. Pourquoi, comment ? C’est ce qu’on va découvrir par retours en arrière successifs, qui bafouent l’ordre chronologique : une femme solitaire se souvient par bribes, tout en tentant vainement de mener une vie quotidienne quasi normale.
Pas d’explications psychologiques au rabais ni de diagnostic sur ce qui ne marche pas entre ces deux-là : la mère qui a un peu, mais pas tout, sacrifié de sa vie professionnelle passionnante, et le fils, dont la présence, même lorsqu’il était encore dans son ventre, a l’art de la plonger dans des abîmes de perplexité. C’est la supériorité des bons cinéastes que de pouvoir suggérer beaucoup de choses sans recourir à quelconque grille de lecture.
Le récit déconstruit est porté par le remarquable travail de Tilda Swinton, dont on sait depuis longtemps quelle bonne comédienne elle est, de « Caravaggio » à « Amore » en passant par « Orlando » ou « Julia ». Lynne Ramsay et Tilda Swinton se connaissent depuis longtemps et parlaient du projet depuis plusieurs années. Les deux apportent à ce sujet difficile toutes les nuances et les ambiguïtés des amours-haines familiales. John C. Relly, comme toujours impeccable et le jeune et prometteur Ezra Miller, inquiétant à souhait, sont à la hauteur.
* Publié par Belfond en 2006, « Il faut qu’on parle de Kevin », est aussi disponible en livre de poche.
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