C’est un moment hors norme, hors temps, qui vous attend au Poche-Montparnasse. Dans la salle du bas, celle qui accueille aussi bien les cabarets que les moments d’intimité, dans un décor simple, un fauteuil, un écran qui diffuse parfois des images documentaires, Stanislas de la Tousche vous sidérera.
Le comédien reprend les paroles de Louis-Ferdinand Céline, interrogé par Louis Pauwels pour la télévision. On est en 1961. On peut retrouver ce reportage sur Internet. Stanislas de la Tousche l’avait découvert il y a bien des années. Il connaît bien sûr les écrits de Céline. Il admire le grand styliste.
Aujourd’hui, Géraud Bénech signe la mise en scène sobre de ce « spectacle » aussi étonnant que passionnant. Évidemment, on ne peut pas le cacher – et la photographie en témoigne –, la ressemblance troublante de l’interprète avec le Dr Destouches est impressionnante. Mais par-delà l’apparence, c’est la plongée intérieure qu’a accomplie Stanislas de la Tousche qui frappe. Il n’imite pas Céline, il retrouve, par le truchement des mots, la pensée et le souffle du misanthrope de Meudon.
Médecin des pauvres, écrivain exceptionnel, on ne peut oublier le caractère odieux de certains des écrits et des déclarations de Céline. Mais ici, il ne parle que de littérature. Ou de sa vocation de médecin. Comme un artisan, il forge ses phrases. Attache ses feuillets, ses fragments, avec des pinces à linge de bois. Il passe ses journées à son bureau, tandis que là-haut, Lucette Almansor, sa femme (elle a eu 106 ans le 20 juillet dernier !), donne ses cours de danse à des jeunes femmes qui deviendront célèbres, telle Judith Magre… Il ne s’interrompt que pour converser avec son perroquet ou se promener dans le jardin avec ses chiens.
Au Poche, on est saisi par la présence de Stanislas de la Tousche. Son humilité d’artisan, comme l’écrivain même. Sa manière de parler, de donner sa juste musicalité à la phrase. C’est très beau, cette évidence, cette subtilité et cette simplicité. Le tout lié par l’émotion. Parfois on rit, on sourit : la rugosité de Céline, obsédé alors seulement par son métier d’écrire, est efficace. Ses formules. Sa férocité aussi bien que sa sincérité touchent.
Théâtre de Poche-Montparnasse, Jusqu’au 12 juillet. Le vendredi à 19 heures, le lundi à 21 heures. Durée 1 h 20. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com
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