Rien de plus banal que de dénoncer la bêtise télévisuelle. Ce n'est pas ce que fait Alain Bentolila. La télé n'est pas stupide, elle est totalement prévisible, on ne court jamais aucun risque. Tout a déjà été prémâché, de sorte que, « sachant déjà une grande partie de ce qu'ils vont voir, les téléspectateurs peuvent s'enfoncer mollement dans un univers débarrassé de toute exigence de questionnement ».
Mais l'auteur n'oublie jamais qu'il est linguiste. La langue est cette denrée très dangereuse qui effectue les liens interhumains et la transmission d'un bagage culturel d'une génération à l'autre. Une autre façon de pointer du doigt l'École et le Savoir.
Car si la langue permet de se parler, elle est aussi ce qui empêche de le faire. Comment expliquer le pesant divorce entre enseignants, dont le professionnalisme est aujourd'hui bafoué, et parents d'élèves, dont le sens des responsabilités est mis en cause. Les deux délèguent leur pouvoir à des groupes corporatistes et des syndicats fortement politisés, qui pratiquent la langue de bois.
Il est vrai qu'en matière de rhétorique creuse et d'expressions-écran, l'exemple vient de haut. Un ministre répond : « Les Français doivent savoir que les engagements pris seront tenus. » Qui s'est engagé ? À quoi ? Quand seront-ils tenus ? N'interrogez pas le ministre, acceptez l'enfumage politique, autre question ?
Et puisque l'éducation est mise en position centrale, Alain Bentolila dénonce les ravages de l'illusion numérique, à une époque où on parle de « la tablette dès la maternelle ! ». S'il accepte l'aide que l'ordinateur peut apporter, l'auteur montre que rien ne peut se substituer à la fonction magistrale dans le développement psychoaffectif de l'enfant.
Cultiver l'intelligence commune
Élève chahuteur disions-nous, mais tellement attachant. Bien sûr, il en fait trop lorsqu'il propose que parents et profs se revoient sans cesse pour analyser une classe. Ce qu'il justifie en disant que si les enseignants n'en sont pas capables, qu'ils fassent un autre métier !
Est-il excessif lorsqu'il conclut : « Nous sommes devenus cons parce que nous avons renoncé à cultiver notre intelligence commune comme on cultive un champ qui nourrit les siens. » Par là même, nous « livrons nos propres enfants à l'inculture et à la crédulité ».
« Comment sommes-nous devenus si cons ? », First Éditions, 176 P., 14,95 €.
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