Le théâtre offre parfois de ces petits miracles : une œuvre que l’on pouvait imaginer impossible à transposer et qui trouve sur scène une force nouvelle et touche spontanément le public. C’est ce qui s’est passé avec « les Cavaliers ». À Avignon, il y a deux étés, le bruit s’était répandu comme une traînée de poudre. Dans une minuscule salle, Le Petit Chien, et à une heure inhabituelle, 10 heures du matin, quelques jeunes donnaient vie à l’épais roman de Joseph Kessel composé en 1966, et c’était magique.
Adapter « les Cavaliers » ! John Frankenheimer l’avait fait en un film impressionnant en 1971. Comment retrouver la beauté des descriptions, la magie des atmosphères, la puissance des paysages, la force des personnages ? Éric Bouvron a suivi un chemin singulier. Il est né en Égypte, a été élevé en Afrique du Sud, a beaucoup voyagé. Son théâtre rejoint celui des maîtres qui se sont eux aussi inspirés des formes archaïques et simples : Brook, Mnouchkine.
Comment adapter « les Cavaliers » ? Avec un tapis, quelques costumes beaux et simples, quelques objets inattendus (les chevaux sont de pauvres tabourets de bois). Grâce à Khalid K, musicien et bruiteur, qui sait tout faire en direct avec sa voix, un micro, quelques objets, et on entend le vent et le hennissement des chevaux et l’on voyage avec Ouroz, le fils d’un grand seigneur qui a échoué dans la joute folle nommée Bouzkachi, son serviteur, son cheval orgueilleux.
C’est beau comme un conte. Le récit est très intelligemment construit. Le rythme de la représentation est très soutenu. On galope, on s’envole, on écoute des paroles de violence ou de sagesse. C’est l’Afghanistan des seigneurs et des humbles, la terre des sentiments exacerbés – Kessel se rendit pour la première fois en reportage dans le pays des montagnes en 1956. La jeune Maïa Gueritte apporte sa touche féminine. Grégori Baquet, cheveux noirs, haute stature, rayonne (en alternance, Benjamin Penamaria). Avec son léger accent, Éric Bouvron lui-même apporte sa poésie et sa force. Et le charme de Khaled K agit. Une merveille de spectacle, simple, probe, heureux. On sort de là comme des enfants. On a envie de grands espaces et de lectures
Théâtre La Bruyère, à 21 heures du mardi au samedi, à 15 h 30 le samedi. Durée : 1 h 40. Tél. 01.48.74.76.99, www.theatrelabruyere.com.
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