On attend souvent beaucoup des « grands » spectacles. Ceux qui bénéficient de productions parfois internationales et dont l’exploitation est prévue d’avance, à l’étranger comme en France. Tel est l'« Ithaque » de Christiane Jatahy qui vient d’être créé aux Ateliers Berthier et s’inspire d’Homère. Vide, d’une pauvreté navrante, on peut l’éviter.
De même « Notre innocence », de Wajdi Mouawad, à la Colline. Après l’extraordinaire « Tous des oiseaux », qui sera repris à l’automne prochain – à ne pas rater –, l’écrivain s’appuie sur les bases d’un travail qu’il avait conduit avec des élèves. Il réunit 18 jeunes, filles et garçons, français ou canadiens, plus une petite fille. Une des amies du groupe s’est suicidée. Comment affronter ce deuil ? Défait, bavard, déplaisant. À éviter également.
La mort est au cœur de « Bijoux de pacotille », moment de théâtre aussi beau dans sa forme que bouleversant dans son propos. Céline Milliat-Baumgartner est une comédienne de très grand talent, passée par le Conservatoire. Depuis l’orée des années 2000, elle suit un chemin très intéressant. Il y a trois ans, elle a publié un récit, « les Bijoux de pacotille » (Arléa). Il s’ouvre par la mort dans un accident de voiture, au petit matin du 19 juin 1985, de son père et de sa mère, Michèle Baumgartner. Une très belle comédienne dont la carrière s’affirmait. Une femme audacieuse, fille d’un neurochirurgien de Colmar. Céline a 8 ans, son petit frère David un peu moins.
C’est alors qu’elle attendait un enfant que Céline Milliat-Baumgartner a éprouvé le besoin de raconter son histoire. Parce qu’on lui demandait d’en lire en public des extraits, elle a eu l’idée du théâtre. Elle a adapté avec intelligence et sensibilité le texte et le joue, entourée d’une équipe artistique d’un grand tact. Pauline Bureau, qui la connaît bien, signe la mise en scène.
Un plateau dégagé surmonté d’un grand miroir, de belles lumières, des sons et de la musique discrets, un peu de vidéo et de magie. Une merveille de comédienne, brune au teint clair, regard profond, belle voix, vivacité de tout l’être. Aucun pathos, mais une pudeur, une dignité, une beauté, un charme qui subjuguent. Tout est d’une délicatesse, d’une profondeur aussi lumineuses que bouleversantes. Voici du grand théâtre, humble et magistral.
Théâtre du Rond-Point (salle Roland Topor), jusqu'au 31 mars. Durée 1 h 20. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
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