À l'Opéra de Paris, une chorégraphie de Balanchine

Un Songe hollywoodien

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Publié le 24/06/2022
« Le Songe d'une nuit d'été » de George Balanchine est repris jusqu'au 16 juillet par le Ballet de l’Opéra de Paris alors que ce dernier perd sa directrice, Aurélie Dupont.
Paul Marque

Paul Marque
Crédit photo : AGATHE POUPENEY/OPÉRA DE PARIS

L'entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris du « Songe d'une nuit d'été » de Balanchine, créé en 1962 par le New York City Ballet, a été voulue par Benjamin Millepied, directeur de la danse de novembre 2014 à juillet 2016, pour enrichir encore le catalogue parisien du chorégraphe américain, 33 œuvres désormais. Le voici repris sous le directorat de la danseuse étoile Aurélie Dupont, qui vient d’annoncer qu’elle quitte à son tour la direction du Ballet. Que de bouleversements après le long règne à la tête de cette institution de Brigitte Lefèvre, qui l’avait tenu d’une main de fer pendant dix-neuf ans.

« Le Songe d'une nuit d'été » est l'un des rares ballets narratifs de Balanchine. Son substrat musical est l'ouverture et la musique de scène composées par Félix Mendelssohn-Bartholdy, agrémentées de quelques autres de ses œuvres. Un très bon montage permettant une chorégraphie sans temps mort, en deux actes de six tableaux. Le ballet a rarement été monté en Europe, mais la production historique du Teatro alla Scala de 2007, avec ses grandes étoiles Alessandra Ferri, Roberto Bolle et Massimo Murru, est immortalisée à jamais par un film disponible sur DVD TDK.

Pour cette création à Paris, les décors et costumes ont été réalisés d'après les maquettes originales de Barbara Karinska par le styliste Christian Lacroix sous la stricte surveillance du Balanchine Trust, tout comme la reprise de la chorégraphie par Sandra Jennings. Toutes sortes de reproches ont été faits à ce ballet : d'édulcorer la rivalité entre Tatiana et Obéron et les batailles entre les amoureux, d'escamoter les pantomimes des artisans, d'hypertrophier les cérémonies du mariage… Il n'en demeure pas moins que dans ses décors de féerie hollywoodienne, et en tant que raccourci simplifiant l'action un peu embrouillée de l'original shakespearien, c'est parmi tous les avatars connus du « Songe » un des plus distrayants, réalisé dans un vrai respect de la tradition du Ballet russe impérial, à l'école duquel avait été formé Balanchine. Les 210 costumes brodés de cristaux Swarovski sont somptueux. Et quelques petits ajouts, comme la chasse d'Hippolyte avec ses désopilants chiens ou les insectes de la forêt dansés à ravir par les élèves de l'École de danse sont un pur bonheur. Parmi les distributions possibles, on pourra admirer Ludmila Pagliero ou Eve Grinsztajn en Tatiana et Paul Marque ou Marc Moreau en Obéron.

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin