Grand rival de Goldoni, à Venise au XVIIIe siècle, Carlo Gozzi est surtout connu par l’opéra. « L’Amour des trois oranges » de Prokofiev (1921) et « Turandot » de Puccini (1926) sont issus de ses comédies.
« L’Oiseau vert » date de 1765. L’écrivain s’amuse et déploie tout son art, usant de toutes sortes de vers et de niveaux de langue. Agathe Mélinand, qui signe la nouvelle traduction, a su en refléter les moirures. Gozzi s’amuse également en composant une pièce qui est un conte, avec sa reine méchante, ses enfants innocents, ses objets magiques, son dénouement heureux, sa philosophie.
Laurent Pelly signe la mise en scène. Il a imaginé l’espace qui change de couleur selon les lumières de Michel Le Borgne et dessiné les costumes. Il opte pour un traitement artisanal de l’illusion, avec une équipe de manipulateurs qui procèdent à toutes les apparitions miraculeuses, pommes qui chantent ou statues qui parlent.
L’Oiseau vert est à la fois un oiseau de papier, au bout d’une longue tige, et un comédien (Olivier Augrand). La reine cruelle est incarnée par Marilu Marini, toute de noire vêtue, silhouette cassée, voix grinçante et forte. Autrefois, alors que son fils (l’excellent Emmanuel Daumas) était parti à la guerre, elle a chargé Pantalon (parfait Eddy Letexier) de tuer les bébés jumeaux de sa belle-fille et a fait enterrer la jeune femme (Fabienne Rocabov) sous un évier. L’Oiseau la nourrit, la protège.
Les enfants, jetés à l’eau, ont été recueillis par un couple de charcutiers (épatants Nanou Garcia et Georges Bigot). Ils ont beaucoup étudié. Le temps est venu, pour eux, de partir à la conquête du monde. À la fin, ils sauront qui ils sont. On suit leur initiation avec d'autant plus d’intérêt que les deux jeunes interprètes sont formidables : Antoine Raffali et Jeanne Piponnier. On croise encore une statue qui les conseille (Régis Lux), une autre dont on peut tomber amoureux (Sabine Zovighian), un rimailleur évaporé (Pierre Aussedat).
Noir, blanc, mais aussi couleurs vives, orange, vert, pour l’espace, vivacité des mouvements, poésie, musique discrète, tout ici enchante et fait rire. Un très beau spectacle, une mise en scène très inventive qui séduit les jeunes comme les adultes.
Théâtre de la Porte Saint-Martin, jusqu'à fin juin, à 20 h 30 du mardi au samedi, le dimanche à 15 heures. Durée 2 h 20. Tél. 01.42.08.00.32, www.portestmartin.com.
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